Un opéra dans la guerre, encore et toujours
Edgar Hilsenrath, Les aventures de Ruben Jablonski
Ecrit en 2012, traduction française 2017, le Tripode
(1944). « J’avais une belle vie à Cernowitz. J’ai pu obtenir une place à l’opéra contre un peu de tabac. Je n’étais jamais allé à l’opéra et j’étais surexcité. Seulement, je ne savais pas qu’on ne donnait plus d’opéras. A la place, un groupe de militaires russes a chanté des chants russes et exécuté des danses cosaques. Le seul fait d’être à l’opéra suffisait à me bouleverser. J’avais même emprunté des jumelles de théâtre de tante Binnutza et je les exhibais fièrement »
Nous ne saurions trop conseiller à nos lectrices et lecteurs de s’attaquer au sept ou huit textes publiés en Français par le Tripode, œuvres de cet écrivain hors norme, l’un des plus grands auteurs modernes (1926-2018) en voie d’être redécouvert, passée la sidération qu’il a produite sur les lecteurs, notamment allemands. Dialoguiste de génie, Hilsenrath traduit à sa manière inimitable, l’univers concentrationnaire de la deuxième guerre mondiale, notamment dans Nuit, ou le nazi et le barbier, mais aussi le génocide arménien dans Le conte de la pensée dernière, et ce de manière à la fois dramatique et humoristique.