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lyrica-massilia

David Fray : la grâce, probablement…

24 Janvier 2020 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot

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David Fray

 

C’est le chef espagnol Néstor Bayona qui tenait mardi 21 janvier la baguette pour le concert que donnait l’orchestre de l’opéra de Marseille au théâtre provençal d’Aix en Provence, avec une salle presque complète.

 

Tous les discours musicologiques n’arriveront pas à faire de la deuxième suite roumaine de George Enescu dit Georges Enesco (1881-1955) un summum du répertoire orchestral. Pourtant, cette œuvre par laquelle le concert commença, reçut en 1903 un premier prix de composition à Paris avec un jury où se trouvaient Claude Debussy et Vincent d’Indy, excusez du peu.... Des influences de tradition musicale roumaine croisées avec un style d’époque, tout cela ne nous a pourtant pas convaincu, malgré la qualité de la direction d’orchestre et des pupitres.

 

Vint ensuite un très grand moment, avec le pianiste David Fray, dans le 24ème concerto de Mozart K. 491 (1786). Celui-ci a fait preuve, en effet, d’un toucher exceptionnel. Le virtuose âgé de 39 ans et à la carrière déjà  fort bien remplie, a su faire de la cadence du premier mouvement un moment de fougue pré-beethovénienne, tout en vivant son rôle de soliste comme une sorte de chef d’orchestre, regardant les musiciens quand il ne jouait pas, tout cela avec un son exceptionnel. Quelques minutes de Bach en rappel où le Steinway sonnait presque comme un clavecin, nous auront confirmé de vivre un moment de grâce.

 

On aura pu constater au passage que le public aixois était moins chaud que son homologue marseillais qui n’est pourtant pas lui même très expansif. En d’autres lieux, une telle prestation aurait donné lieu à une standing ovation.

 

Ceci médit, il est des soirées d’opéra sans mise en scène, en version concert, disette oblige. Il existe aussi des ballets sans danseur. Au théâtre provençal d’Aix, l’excellent chef (notre photo) sautillait cependant et les musiciens de l’orchestre témoignaient d’un tel plaisir d’interpréter cette partition que la chorégraphie était en quelque sorte introjectée. L’humour n’était pas absent, la joie était évidente.

 

De quoi s’agissait-il, du Tricorne (El sombreo de tres picos), qui a été composé par Manuel De Falla en 1919 et créé à Londres par les Ballets russes de Serge Diaghilev. Le danseur lui avait commandé cette partition échevelée, mariant classicisme et modernisme avec des irruptions de thèmes du folklore espagnol dont la Jota finale constitue un morceau d’anthologie.

 

Nestor Bayona

 

 

Certes, la présence, voulue par De Falla d’une mezzo soprano (Marina Rodriguez-Cusi  hier soir) réduite à deux brèves apparitions est étrange, mais dans ce doux mélange,  où l’on pense parfois à Gershwin, au premier Mahler, … et bien évidemment à l’España de Chabrier, composée en 1883, rien ne peut étonner.

 

Pour cette partition luxuriante, l’orchestre était au grand complet, avec quelques renforts aux cuivres et aux percussions. Clelia Cafiero, la cheffe d’orchestre assistante, était discrètement installée à l’harmonium et au piano qui faisaient partie d’un ensemble joyeusement hétéroclite.

 

En conclusion, soirée passionnante, avec quelques bémols à la clef, mais ainsi en va-t-il de la critique, elle ne relève pas de la maîtrise de la brosse à reluire

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