La Dafne à la Criée. Concerto Soave au service du baroque
.
©Pierre Morales
Cette sorte de proto-opéra a été crée en 1609, un an après l’Orfeo de Claudio Monteverdi, dans cette ville lombarde de Mantoue qui était alors le centre musical d’une Italie loin d’exister encore, fors sa langue installée par Dante au XIIIème siècle. C’est pour pallier le retard de l’Arianna de Monteverdi, œuvre hélas perdue, que le Grand Duc Vincenzo i Gonzaga (1562-1612) commanda à Marco da Gagliano (1582-1643) une Favola in musica. Le compositeur fit appel à Ottavio Rinuccini (1562-1621), lequel s’inspira des Métamorphoses d’Ovide, écrites au premier siècle. Les Dieux se rapprochent des mortels pour cause d’amour entre le solaire Apollon et la chasseresse Dafne.
Marco da Gagliano
Dans la préface de la première édition de la partition, Gagliano confesse avoir fait appel à un collègue de l’Academia degli Elevati, musicien qu’il ne cite pas, pour écrire les quatre airs principaux. Il faudrait étudier de près les autres opéras du compositeur pour savoir s’il fut effectivement le grand créateur qu’on nous annonce.
Quant au concert auquel nous avons assisté le mercredi 16 mars, il nous est impossible de distinguer parmi les musiciens, habilement dirigés depuis le clavecin par Jean-Marc Aymes, animateur et fondateur de l’orchestre. Ils nous mettent dès la première note dans une ambiance d’époque : théorbe, viole de gambe, flute à bec, cornet à bouquin…
Parmi les voix de toutes tessitures, nous distinguerons le baryton Romain Bockler, dans le rôle d’Appolon, qui maîtrise parfaitement la technique des ornementations baroques et le haute-contre Nicolas Kuntzelmann, interprète de l’Amour.
Le Concerto soave qui fête ses trente années d’existence donnera prochainement, toujours dans le cadre de « Mars en baroque », le Requiem de Jean Gilles (1668-1715), écrit en 1697 et qui fut donné aux obsèques de Louis XV et de Jean-Philippe Rameau. Il sera accompagné d’une lecture d’extraits du Serment sur la Mort de Bossuet par Benjamin Lazar. Ce sera samedi 26 mars à 17 heures en l’église Saint-Victor de Marseille.