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lyrica-massilia

Les fêtes Vénitiennes  de Campra au théâtre de la Criée

2 Avril 2019 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot

Les fêtes Vénitiennes  de Campra au théâtre de la Criée

Un succès en demi-teinte

 

Jean-Pierre Bacot

Il existe des limites aux redécouvertes, quelque intérêt musicologique qu’elles puissent avoir. En témoigne la production des Fêtes Vénitiennes (1710) d’André Campra sur un livret d’Antoine Danchet que vient de proposer le 9 mars dernier  le théâtre de la Criée dans le cadre du festival « Mars en baroque ». Cette œuvre, outre qu’elle n’est pas la meilleure qu’ait écrite ce musicien provençal (né à Aix en Provence en 1660, mort à Versailles en 1744), était à l’origine un opéra-ballet. Le fait de la présenter en version de concert, en l’absence de chorégraphie, rend le spectacle quelque peu ennuyeux, outre les chœurs dont l’écriture contrapuntique relance l’intérêt. Cela donne l’impression que Campra serait un musicien mineur, ce que l’audition de son Requiem, par exemple, qui date de 1695, dément immédiatement.

Certes, la prestation du Concerto soave, formation baroque à géométrie variable, placée sous la direction du claveciniste Jean-Marc Aymes qui fonda ce groupe il y a un quart de siècle avec Maria-Christina Kiehr, n’a rien à se reprocher. Elle permet au passage aux spectateurs de découvrir quelques instruments anciens avec une première violoniste, Marie Rouquié, qui tient parfaitement son rôle. On ne peut en dire autant de la distribution vocale où  trois des six éléments se sont montrés relativement faibles. En fait, nous avons eu l’impression, durant le prologue et les deux parties de l’oeuvre, d’assister à un immense récitatif à l’écoute de cette partition pourtant mise au point par les meilleurs spécialistes, les Arts florissants et William Christie.

Sans doute une exécution de l’opéra avec des danseurs, comme le firent les Arts florissants de William Christie il y a quelques années, aurait-elle permis de s’intéresser davantage au rôle des personnages dans un cadre qui était pensé dès l’origine comme luxuriant et connut un succès énorme au début du XVIIIème siècle et qui devient  dans cette version de concert d’une grande austérité.

Le fait qu’il n’existe pas dans cette douzième œuvre lyrique de Campra de grands airs tels qu’on les trouve pourtant dans certains opéras baroques place l’auditeur dans une sorte musical conversationnel dont on répétera qu’il passerait sans doute mieux avec un support visuel. Les porteurs de ce discours seraient eux-mêmes plus incarnés, même s’ils portent parfois davantage une idée qu’une personne. C’est donc essentiellement le choix de « débalettisation » fait par les concepteurs de ce spectacle que l’on doit imputer notre déception.

 

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