Quatuor Leonis. Apothéose beethovénienne pour la fin de saison de Marseille Concerts

C’était, ce samedi 3 juin, l’ultime soirée de la saison de Marseille Concerts et ce fut une véritable apothéose. Appelé à la rescousse par le musicologue Olivier Bellamy,  après le désistement surréaliste du Signum  Quartet, le quatuor Leonis a fait merveille dans la salle la Major du Pharo, dédiée à la musique de chambre.

Guillaume Antonini et Sébastien Richard au violon, Alphonse Dervieux à l’alto et Julien Decoin au violoncelle avaient choisi Beethoven, avec les premier  (1799) et le quinzième quatuors (1824-1825). Cela nous a permis de vérifier que le  compositeur s’était attaqué à cette forme exigeante avec une certaine maturité, avant de produire des chefs d’œuvre impérissables à la fin de sa trop courte existence.

Les musiciens de Leonis sonnent admirablement bien, leurs attaques nous offrant avec une technique et une précision impeccables, d’incomparables émotions. De tous les concerts de trios et quatuors que nous avons pu entendre cette saison, c’est sans doute cette soirée qui fut la plus applaudie par un public cultivé, mélomane,  cette partie de la bourgeoisie qui n’a pas oublié les cadres et codes de cette culture « légitime » dont parla jadis Pierre Bourdieu et qu’il faut défendre bec et ongles contre la culture de masse envahissante (fin du prêche). Les quatre complices n’étaient jamais venus jouer dans la chaleur de la cité phocéenne. On ne peut qu’espérer les revoir.

En bis, les musiciens nous ont joué, sans partition, la célèbre et magnifique Cavatina, cinquième des six mouvemente du 13ème quatuor en si bémol, opus 130 (1823), avant une prestation tsigane humoristique du plus bel effet qui a fini de transporter un public enthousiaste et démontré que sous une austérité assumée pouvait se cacher un humour ravageur.

Marseille Concerts devrait sous peu nous annoncer une nouvelle saison, avec  bon nombre de pianistes au programme dont, notamment, l’immense Martha Argerich qui jouera  avec l’orchestre de l’opéra de Marseille, le dimanche 17 décembre à 16 heures  à l’auditorium du Pharo, en hommage à un autre pianiste de haut vol, et presque homonyme, Nicholas Angelich, décédé en avril dernier à 52 ans.