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lyrica-massilia

A redécouvrir. Le Don Quichotte de Massenet

6 Mars 2024 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Opéra de Marseille

 

Dans le deuxième chapitre de son chef d’œuvre Les Mots et les Choses, paru en 1966 chez Gallimard, intitulé « Représenter », Michel Foucault s’est intéressé de près au personnage de Don Quichotte : 

« Le chevalier errant de Cervantès serait comme une excroissance de la littérature venant envahir la réalité, venant errer comme une page de la littérature qui chercherait, forçant l'attention des lecteurs, à être lue. Plus que comme une personne humaine, don Quichotte se présente aux autres personnages du roman comme un texte. Mais pas comme n'importe quel texte : il véhicule une littérature spécifique, celle des épopées chevaleresques des siècles précédents qui résonnaient encore dans la mémoire collective de ses contemporains. Le personnage crée par Cervantès serait donc un texte qui répète des textes portant sur des histoires déjà racontées ». Nous renverrons nos lectrices et lecteurs à ce titre phare pour leurs dernières soirées d’hiver.

En attendant, c’est une nouvelle coproduction avec les Opéras de Saint Etienne et de Tours,  montée en la sinistre année 2020, qui nous est proposée à Marseille, avec ce Don Quichotte de Jules Massenet. Il s’agit d'un opéra en cinq actes, (parfois ramené à quatre), composé sur un livret d’Henri Cain, d’après le grand Miguel de Cervantès. L’œuvre, historiquement située au milieu d’œuvres de Massenet passées aux oubliettes,  Don Quichotte a été créé avec succès en 1910 à Monte Carlo, avec Fédor Chaliapine dans le rôle titre, puis à Marseille en décembre 1910, avec la basse Julien Lafont. Ont suivi la Monnaie de Bruxelles, la Gaité parisienne,  l’Opéra de Paris, plus tard Philadelphie et New York, avant une belle carrière à l’Opéra comique. Il faut remonter à mars 2002 pour retrouver une autre représentation marseillaise et nous n’avons pu auparavant dénicher la moindre trace dans nos archives pour tout le XXème siècle phocéen. Mais nous accepterons d’être démentis par des spécialistes de l’histoire lyrique locale.

La direction musicale de cette production a été confiée à Gaspard Brécourt qui  aurait dû diriger les Pêcheurs de perles de Bizet en version de concert, hélas elle aussi covidée en 2020, et la mise en scène à Louis Désiré, un habitué marseillais très apprécié pour son talent renouvelé. Les décors et costumes seront signés Diégo Méndez Casariego et les lumières Patric Méeüs.

Rares sont les opéras dont le rôle-titre et principal est confié à une basse que l’on disait alors chantante. C’est le cas de ce Don Quichotte et c’est un habitué de la salle marseillaise, Nicolas Courjal qui a été choisi pour illustrer cette tessiture. Son fidèle Sancho sera le baryton Marc Barrad, Rodriguez étant chanté par Camille Tresmontant, ténor et Juan Frédéric Cornille, baryton, trois artistes que nous connaissons également bien à Marseille.

Du côté des dames, Héloïse Mas, mezzo-soprano sera Dulcinée, rôle écrit pour une contralto, Laurence Janot, soprano, dont on ne se lasse pas, chantera Pédro et Murie Kalinine, mezzo-soprano, Garcias, deux emplois travestis.

Il n’y aura malheureusement que trois représentations de ce Don Quichotte de Jules Massenet, le mardi 19 mars à 20 h, le jeudi 21 à 20 h et le dimanche 24 à 14h30. Pour la création marseillaise en 1910, juste après Monte-Carlo, il y en avait eu quinze. Le monde aurait-il changé ?

 

 

 

 

 

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