Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lyrica-massilia

Una ottima Traviata

9 Février 2024 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Opéra de Marseille

(Tu non sai quanto soffri, il tuo vecchio genitor) Photo © Christian Dresse

 

Si la première de cet opéra célébrissime du maestro Verdi ne se passa pas trop bien au Theatro la Fenice de Venise le 6 mars 1853, pour cause de distribution défaillante (ce qui devait très vite s’arranger), la dernière représentation marseillaise eut lieu juste avant la sinistre pandémie, le 2 janvier 2019, quelques mois avant la naissance de ce blog. Nous y étions et avions donc pu déjà voir la mise en scène de Renée Auphan,  créée en  juin 2014 et reprise en ce début 2024 par Yves Coudray, avec des costumes de Katia Duflot et des décors de Chistine Marest, Roberto Venturi étant aux lumières. Ces trois artistes ont été à nouveau convoqués en cet hiver. Le dispositif scénique de 2024 nous a semblé très classique, mais d’une grande efficacité.

Cependant, l’essentiel dans cette production est le magnifique plateau musical dont bénéficie la nouvelle Traviata de l’Opéra de Marseille.  Avec cette partition qui est loin d’être facile, la cheffe napolitaine Clélia Cafiero, qui fut jadis en résidence à Marseille, a retrouvé l’Orchestre avec une dynamique parfaite, dirigeant avec sourire et fermeté musiciens, choristes et solistes. L’effectif étant légèrement réduit (par la volonté de Verdi),  le drame romantique a été installé  d’entrée dans son espace sonore et le public ne s’y est pas trompé, qui a longuement acclamé une direction inspirée. Il a également ovationné les interprètes.

Le rôle central de Violetta est tenu par la soprano espagnole Ruth Iniesta qui mène une belle carrière internationale. Elle conjugue une voix adéquate, des aigus virevoltants et éclatants et des graves émouvants, avec des talents de comédienne. Cela la rend crédible dans les divers états que traverse cette femme réputée légère, mais éperdument amoureuse, mourant de phtisie, mais Verdi, lui redonnant in fine quelques forces pour exprimer  son dernier air déchirant.

Le malheureux élu transi, Alfredo est campé par un ténor jeune et brillant, Julien Dran qui avait joué ce personnage  écartelé entre amour et  conventions sociales au Capitole de Toulouse il y a quelques mois. Espérons que nous le reverrons à Marseille dans d’autres emplois.

Jérôme Boutillier, le baryton qui tient  le rôle de Germont,  le père, étrangement habillé en clergyman, avait interprété brillamment le rôle si difficile de Nelusko, dans l’Africaine de Meyerbeer en ouverture de la saison lyrique marseillaise. Il chante toujours aussi bien et se montre excellent comédien, même s’il nous est apparu en certains moments manquer légèrement de puissance, face à la masse sonore.

Ancienne danseuse, la soprano Laurence Janot qui se souvient fort heureusement de son passé, s’était déjà vue confier le rôle de Flora dans la précédente production en 2019.  L’artiste se produit d’ailleurs très fréquemment, et avec bonheur, à Marseille dans le double registre de l’opéra et de l’opérette.

Il en  va de même pour le ténor Carl Ghazarossian (déjà présent il y a cinq et dix ans) dans le rôle de Gastone et le baryton Frédéric Cornille, dans celui du Marquis. En bref, les habitués de la scène phocéenne n’ont pas démérité, loin s’en faut. Les trois autres emplois étaient confiés à Svletana Lifar (Annina, mezzo), Jean-Marie Delpas (Baron Douphol, baryton) et Yuri Kissin (le docteur, excellent baryton basse).

 

(Sempre libera) Photo © Christian Dresse

 

Cette production qui affiche complet pour les cinq représentations prévues  en ce milieu d’hiver, aura donc permis de concilier une certaine tradition de mise en scène avec une excellence musicale et vocale. A la première, mardi 6 février, les spectatrices et spectateurs étaient aux anges. L’Opéra retrouve son public et même des afficionados hurlant leur bonheur.  Libiamo ne'lieti calici !

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Nous avons appris que la cheffe était allée rechercher les<br /> notations de Verdi sur sa partition de Traviata <br /> Bravissimo Maestra!
Répondre