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Convalescence terminée à la Timone. Le trio Orelon, premier remède pour la Société de Musique de Chambre en 2024

29 Janvier 2024 , Rédigé par Jean-Marie Cabot Publié dans #Société de Musique de Chambre de Marseille

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Judith Stapf, Marco Sanna et Arnau Rovira i Bascompte

 

Le hall de la faculté de la Timone se vidait de ses derniers étudiants quand nous sommes entrés dans le joli auditorium Maurice Toga, du nom d’un de ses anciens doyens. Quelques mètres avant, dans le couloir, un guichet distribuait abonnements et places aux spectateurs de ce concert. L’anecdote pourrait sembler anodine et sans intérêt, si cette nouveauté ne témoignait d’un changement profond, d’une modernisation pour la vénérable Société de Musique de Chambre de Marseille.  En sa deuxième saison seulement depuis sa création (1919), l’association marseillaise permettait en effet au public d’acheter son billet sans passer nécessairement, comme c’était le cas auparavant, par un abonnement annuel. Ces dernières années ont été difficiles pour l’association, entre pandémie, dégât des eaux, etc. la programmation 2024, avec seulement trois concerts en atteste, bien qu’il s‘agisse de son 1386e concert, excusez du peu. Cela témoigne néanmoins de l’intérêt du public pour la musique de chambre, de sa fidélité envers l’association, mais aussi de son dynamisme. Hervé Deleuil, son tout nouveau président, visiblement très ému, prononçait un discours éloquent, présentant la remise en marche de la Société, sans toutefois nous en dévoiler les contours précis… Espérons des jours radieux pour cette association qui œuvre dans le landernau marseillais de la musique classique et qui le mérite tant…

Le Trio Orelon était attendu avec un vif intérêt, réputé pour être un des jeunes ensembles les plus prometteurs, ces musiciens, cosmopolites, qui se sont formés en 2019 (Judith Stapf la violoniste est allemande, Marco Sanna le pianiste, italien et Arnau Rovira i Bascompte le violoncelliste, espagnol) venaient tout auréolés de nombreux prestigieux premiers prix obtenus aux concours internationaux de Munich (concours ARD, première chaine de la télévision allemande), Melbourne ou encore Graz. Le public ne fut pas déçu, enchanté qu’il fut par un programme qui mêlait œuvres de jeunesse de Haydn, qui posait là les bases de la musique de chambre pour trio, de Schumann avec cette conversation musicale dont Clara était follement éprise et de Schubert dont l’andante du Trio no 2 accomplit le tour du monde, bien avant que Stanley Kubrick en fit l’une des pièces maîtresses de son film, Barry Lindon. Le programme comprenait : Joseph Haydn, Trio n° 10 en mi bémol majeur, Robert Schumann, Trio n°2 en fa majeur Op 80 et Franz Schubert, Trio n°2 en mi bémol majeur Op 100.

Les musiciens dévoilaient d’entrée leur cohésion, témoignant d’un bel équilibre et d’une homogénéité sans faille. La joie éclatait dans cet allegro d’Haydn, l’expression musicale nous entraînait dans la danse de cette œuvre de jeunesse, mais déjà pleine de maîtrise et d’audace. Schumann clôturait la première partie, vivacité, équilibre, lyrisme, les musiciens brillaient par leur interprétation, sans jamais sombrer dans l’exubérance que leur virtuosité permettrait. L’émotion dictait la beauté des sons, leur élan nous entraînait dans un tourbillon bouleversant.

Après un court entracte, Schubert résonnait de tout son lyrisme et sa douceur. Cette pièce interprétée avec tant de brio et d’émotion transportait le public. Le violon déchirait la mélodie de ses aigus poignants, le violoncelle enchantait dans l’intensité de sa sonorité grave et soyeuse, le piano glissait, attendri, relié par la magie des notes aux deux autres instruments. L’instant était beau et envoûtant.

Les très longs applaudissements venaient récompenser la prestation sans faille et délicate des trois musiciens, compères rayonnants d’un instant qui restera dans la mémoire des mélomanes marseillais, lesquels reçurent en bis, la très belle complainte Dumky de Dvorak (trio n° 4).

 

 

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