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lyrica-massilia

Les Mousquetaires, longtemps après...

24 Février 2023 , Rédigé par Jean-Marie Cabot Publié dans #Odéon

©Christian Dresse

 

La guerre de 1870 et la débâcle de Sedan vont considérablement modifier la structure des opérettes de la III° République. La satire et l’impertinence qui prévalaient jusqu’alors laisseront place à un certain embourgeoisement, à des sujets plutôt historiques où les amours, souvent contrariées, seront un élément indispensable conduisant à des livrets très conventionnels. Les Mousquetaires au Couvent n’échapperont pas à cette règle et même s’ils furent un immense succès à leur création en 1880, ce qui sauvera au passage les Bouffes Parisiens, après 250 représentations dans la capitale, ils tomberont peu à peu dans la désuétude... pour en ressortir avec brio à la dernière de Jérôme Deschamps à l’Opéra-comique en 2015 ou ici-même à l’Odéon en 2016.

Un mousquetaire, Gontran (Carlos Natale), décide d’enlever du couvent, Marie sa bien-aimée (Amélie Tatti) qui y est enfermée sur ordre de son oncle, (Florent Leroux Roche) Gouverneur de Touraine. Il va se faire aider de son meilleur ami Narcisse de Brissac (Lionel Delbruyère) mousquetaire également qui en profitera pour tomber amoureux de la sœur de Marie, Louise (Marlène Connan).

Disons-le tout de suite, on a vu bien meilleur spectacle lyrique à l’Odéon cette année… certes la partition est agréable, les airs souvent très plaisants, et l’orchestre sous la direction de Bruno Conti, impeccable. Mais le livret très (trop ?) convenu, deux sœurs enfermées dans un couvent à leurs dépens délivrées par leurs amoureux, militaires déguisés en moines, aurait certainement supporté un peu plus de modernité et des gags et jeux de mots un tantinet plus caustiques et impertinents…

Qui dit mousquetaires dit scènes de cape et d’épée, on ne s’offusqua pas pour la crédibilité des scènes de combat, de voir à l'Odéon des fleurets aux mains des participants, ni un combattant le bras en écharpe, mais la retenue de chacun dans les estocades, vraisemblablement pour des raisons de sécurité, était malheureusement bien trop patente… et c’est peut-être ce qui nous aura le plus gêné tout au long de cette représentation, ce sentiment de réserve et de prudence… rien n’était mal fait mais rien n’était étourdissant non plus.

 

 

©Christian Dresse

 

Alors, côté féminin, nous avons apprécié les voix de Kathia Blas (Simone) en aubergiste peu farouche, et d’Amélie Tatti (Marie) en novice timide même si pour la première, la diction laissait volontiers à désirer. Les religieuses, Danièle Dinant (la mère supérieure) autoritaire comme de bien entendu et Simone Burles (sœur Opportune) avaient des rôles bien trop conventionnels. Pour notre part, nous avons été un peu déçus que l’inénarrable tempérament désopilant de Simone Burles n’ait pas plus éclaté… quant à Marlène Connan (Louise), vraiment excellente sur les planches du théâtre, elle fut aussi mutine que coquine, et a su exprimer avec beaucoup de drôlerie et de justesse, le caractère espiègle de son personnage.

Côté masculin, les deux mousquetaires formaient un tandem pittoresque. Carlos Natale (Gontran), un soprano à la voix impeccable était bien plus dans la retenue que Lionel Delbruyère (Brissac) un joyeux luron épicurien. Ce dernier, baryton chaleureux à la voix bien projetée, eut la faveur d’épater le public, quand passablement éméché, il délivra un mémorable prêche sur l’abstinence et l’amour. Assurément un excellent et certainement le meilleur moment de cette opérette. Philippe Ermelier (Bridaine), l’abbé précepteur dans leur jeunesse de nos deux militaires, présenta son ample voix, symbole parfait du personnage truculent qu’il représentait même s’il nous sembla parfois quelque peu emprunté. Florent Leroux Roche (le gouverneur), aux graves très profonds et impénétrables, alliait l’élégance et la classe qui convient à son rang. Quant à Jean-Luc Epitalon, Philippe Béranger et Antoine Bonelli, l’impayable Tavernier, ils complétèrent avec aisance le plateau.

Le Chœur Phocéen fut vraiment précieux par le chant mais aussi par sa présence scénique, les combats, les farandoles, les scènes de classe au couvent occupèrent pas mal de l’espace du théâtre marseillais (il faut au passage souligner les jolis décors d’Arnaud Delmotte). Et surtout, nous avons eu le plaisir d’entendre en solo Davina Kint et Sabrina Kilouli, preuve s’il le fallait que le Chœur Phocéen possède en son sein vraiment de très jolies voix...

Assurément, ces Mousquetaires n’étaient pas à la hauteur de nos attentes mais peut-être l’Odéon et Carole Clin en particulier, nous avaient-ils jusque-là trop gâtés ...

 

 

Le Chœur Phocéen sous la direction de Rémy Littolff : Alessandra Fiorella, Mathilde Fonvillars, Shan Guo, Sabrina Kilouli, Davina Kint, Rosalie Dubois, Katherymne Serrano, Whenhua Yuan, Pierre-Olivier Bernard, Laurent Bœuf, Jacques Freschel, Aurélien Plaza, Clément Pons, Damien Rauch, Thomas Sester et Sébastien Spessa.

 

L’orchestre de l’Odéon : Alexandra Jouannié, Yann Leroux-Sédès, Po Chao Tseng, Alina Fairushina, Isabelle Rieu, Julien Leenhardt, Elvira Teton, Pascale Guérin, Jean-Florent Gabriel, Eric Chalan, Claire Marzullo, Stephan Bruno, Auguste Voisin, Linda Amrani, Marc Boyer, Luc Valckenaere, Pierre-Alexis Torres-Toulemon, Olivier Gillet et Aléxandre Régis.

 

 

 

 

 

 

 

 

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