Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lyrica-massilia

Carmen à l’Opéra . La retraite d’Espagne

19 Février 2023 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Opéra de Marseille

                     

                                   Jean-François Borras et  Héloïse Mas

                              Photo Christian Dresse

 

Tout a commencé, le soir de la Première, par une irruption du social dans l’arène. Un membre de la troupe a pris la parole pour rappeler que la loi sur les retraites n’épargnait pas le monde du spectacle. A voir et entendre les réactions contrastées d’une salle pleine à craquer, on aura compris que tout le monde ne venait pas de la manifestation du jour.

Ceci posé, commençons par une mise en scène et un décor de Jean-Louis Grinda et Rudy Sabounghi qui nous auront largement déçus, essentiellement en raison de leurs lourdeurs et de leurs redondances. Les déplacements parfois interminables de deux imposants praticables, les projections de corrida sur le fond de scène qui attiraient l’œil et nuisaient à l’intensité dramatique de certaines scènes si bien écrites, notamment celle du duo final, nous ont particulièrement troublés. Les mâchoires du destin- les praticables en question- sensées se refermer avaient tendance à bailler. Un minimum de hors-champ laissant la puissance suggestive de la musique opérer et une mise en scène plus légère auraient bien mieux convenu à une œuvre trop connue pour supporter pareil traitement.

Quant à la partie musicale, elle aura, elle aussi, laissé à désirer. D’abord, la direction d’orchestre de Victorien Vanoosten manquait sensiblement de dynamisme. Quant aux voix, la situation est contrastée. Celle du ténor Jean-François Borras en Don José nous aura enthousiasmé. Remplaçant Amadi Lagha au pied levé, cet artiste est tout de puissance et de délicatesse, possédant des aigus parfaits et jouant habilement de son corps pour marquer sa détresse. Son triomphe aura été largement mérité.

La Carmen d‘Héloïse Mas, parfaite, scéniquement parlant, dont la voix convenait parfaitement au rôle aurait été parfaite avec un peu plus de puissance. Quant à l’Escamillo de Jean-François Lapointe, il s’est agi d’une belle erreur de distribution. Pourquoi, en effet, confier ce rôle difficile à un baryton  de bel canto qui possède des aigus éclatants, mais manque complètement de graves ? De plus, il n’est pas crédible en torero triomphant. Quant à la Michaela d’Alexandra Marcellier, il fallait lire les sous-titres pour comprendre ce qu’elle chantait d’une voix guère convaincante. Le seconds rôles auront, quant à eux, été parfaits  (Charlotte Despaux, Marie Kalinine, Christine Tumbarello, Jean-Gabriel Saint-Martin, Gilen Goicoechea, Olivier Grand, Marc Larcher,  Frank Thézan,  Tomaz Hajok ). La scène du quintette,  finement interprétée, en aura témoigné. Quant aux chœurs dirigés par Emmanuel Trenque, ils ont artistiquement assuré le rôle de liant social que Bizet leur avait assigné.

La danseuse de flamenco, Irène Rodriguez Olivera, quand elle n’était pas employée à contre temps,  comme dans le chœur des enfants, a fort bien œuvré pour hispaniser le propos.

Il reste quatre représentations pour lesquelles le ténor Amadi Lagha devrait reprendre le rôle de Don José : samedi 18 février, mardi 21, jeudi 23 à 20 heures et dimanche 26 à 14h30.

 

                           Amadi Lagha

 

En résumé, hors la prestation d’un ténor, Jean-François  Borras, que nous avons  hâte de revoir à Marseille, cette Carmen ne  nous aura pas totalement convaincu. Il existe un risque à monter des opéras très, voir trop connus. Fort heureusement, les tomates ne pleuvent plus du paradis, la société lyrique est pacifiée.

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article