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lyrica-massilia

Musiques américaines du XXème siècle. Trois solistes un chef de haute volée

30 Octobre 2022 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Opéra de Marseille

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Le concert qu’a donné vendredi 28 octobre l’orchestre philharmonique de Marseille à l’opéra, aura été passionnant à plus d’un titre. Il le fut d’abord par le programme sur lequel nous allons revenir, mais aussi parce qu’il a permis de mettre en valeur quatre artistes d’exception.

Commençons par le chef Fuad Ibrahimov qui n’aura eu que peu de temps pour prendre en main l’orchestre et un programme difficile. Il a dirigé la phalange phocéenne avec précision, tout en assurant la dynamique de ces musiques nord-américaines du XXème siècle, en emballant un orchestre visiblement ravi de travailler avec une telle baguette.

Quant au premier violon solo Da-min Kim, il a interprété, en grand virtuose qu’il est plus que jamais, le redoutable concerto pour violon d’Erich Wolfgang Korngold (1897-1957). Cette œuvre, écrite en 1945, est trop rarement jouée, de même que die tote Stadt, l’opéra que le compositeur écrivit en 1919. Da-min Kim a joué cette partition avec toute la délicatesse requise, qui contraste avec des moments de violence contrôlée où le violon donne toute sa puissance face à l’orchestre magnifiquement dirigé. Il se murmure parfois que Korngold voulut écrire un concerto destiné à Caruso, plutôt qu’à Paganini. Enfant prodige, remarqué pas son professeur Zemlinsky, mais aussi par Mahler, Puccini et Sibelius, Korngold, fuyant le nazisme, s’est exilé en 1936 pour les Etats-Unis avec toute sa famille. Espérons que sa redécouverte marseillaise connaîtra des prolongements. Ce concerto en ré majeur fut en tout cas le clou de ce concert.

 

 

Auparavant, le contrebassiste Jean-René Da Conceiçao avait joué le concerto (divertimento concertante) de Nino Rota, écrit entre 1969 et 1971, une œuvre qui fait également appel à toutes les ressources de l’instrument. Même si le compositeur fétiche de Federico Fellini n’a pas écrit ici sa partition la plus mélodique, il offre au soliste un registre de difficultés qui nous permet d’apprécier une contrebasse soliste, un moment rarissime.

De son côté, dans un exercice de style qui mettait en valeur ses qualités de trompettiste, Anthony Abel a joué les variations sur Carmen de Franz Waxman. Le son puissant et cristallin du musicien, des mélodies connues du tous, nous ont fait oublier que cette œuvre, considérée comme extrêmement difficile, fut crée pour le violon de Jascha Heifetz. Elle était même composée à l’origine en 1946 pour le film Humoresque de Jean Negulesco. Ces variations sont, quoi qu’il en soit, musicalement, bien moins intéressantes que celles de Sarasate. Cela participe hélas d’une certaine overdose par rapport à cet opéra de Bizet, certes de haute qualité et que nous entendrons encore à l’opéra en fin de saison après une cure de bel canto, mais dont les extraits transposés frisent souvent le poncif et rappellent les caricatures qu’on en faisait jadis. Mais Anthony Abel et sa trompette n’y sont pour rien.

Deux autres œuvres figuraient au programme : l’ouverture très primesautière de Candide de Leonard Bernstein, opérette écrite en 1945 d’après Voltaire, et la musique de Starwars de John Williams. On ne nous a pas dit de quel(s) épisode(s) de cette série-culte, commencée en 1999 il s’agissait, car Williams a beaucoup travaillé sur les divers moments de ce film de science fiction, en s’inspirant de Wagner et d’autres musiciens, à la demande explicite de Steven Spielberg qui ne voulait pas singer le mélange de musique classiques utilisé pour 2001 a space Oddysee de Stanley Kubrick.

Tous les compositeurs joués ce soir-là ayant été auteurs de bandes-son de films, ce concert établissait une sorte de continuité avec le précédent qui nous avait offert des musiques écrites pour le cinéaste Henri Verneuil. Que cela soit pour l’appel à des solistes rarement sollicités ou pour la variété des partitions proposée, l’orchestre aura rempli un de ses missions, l’ouverture vers de nouveaux répertoires.

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