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Gipsy, un violon sur l’Odéon...

27 Mai 2022 , Rédigé par Jean-Marie Cabot Publié dans #Odéon

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©Christian Dresse

« J'entends déjà certains aigrefins ou habitués de certains festivals qui penseront que ce genre de spectacles (NDLR Gipsy à l’Odéon) ne devraient pas exister. » Que Maurice Xiberras, directeur de l’Opéra de Marseille et de l’Odéon, auteur de cette phrase sur les réseaux sociaux, se rassure, ceux qui pourraient penser ainsi, assurément n’étaient pas présents ce weekend, pour apprécier comme il se doit Gipsy... parce que, n’en déplaise à certains grincheux, les voix que nous y avons entendues n’avaient rien à envier à bien des productions lyriques réputées plus clinquantes...

Il faut dire que pour la dernière de la saison, ce dimanche à l’Odéon, tout s’accordait pour combler le public venu en nombre, notamment des groupies, chanteurs d’opéra, arrivés tout droit des répétitions de Don Carlo pour applaudir leurs amis chanter, en participant à l’ambiance bon enfant qui régnait dans la salle. La mise en scène était particulièrement habile et tonitruante, signée Carole Clin, quant à l’orchestre, placé sous la houlette du dynamique et précis Bruno Conti, il interpréta avec brio cette partition entrainante et joyeuse. De superbes chorégraphies initiées par Felipe Calvarro et sa joyeuse troupe, aussi habile aux castagnettes qu’aux techniques de pieds (Sophia Alilat, Valérie Ortiz, Felipe Calvarro et Clément Duvert) ont ajouté au plaisir, de même que les costumes riches et élégants et les décors nombreux, parfaitement intégrés à la scène. Le public lui, battait des mains en rythme déjà avant la levée du rideau, le ton était donné, l’après-midi serait joyeux...

Des tziganes de Bohême ayant en tête d’assassiner l’Archiduc Rodolf pour renverser son père, l’empereur François-Joseph d’Autriche, désignent leur chef, Vano Ballestra un excellent violoniste, pour commettre l’attentat. Il profitera de ses talents de musicien pour participer aux festivités de l’anniversaire du règne de sa majesté et s’approcher de Rodolf, qui, gagné à la cause tzigane et bien décidé à la plaider auprès de son père, sera finalement épargné. Vano pourra retourner serein, épouser sa jolie fiancée Mariana... l’opérette Gypsy ne serait pas ce qu’elle est, si au-delà des péripéties politiques, ne se mêlaient des histoires sentimentales... c’est ainsi que nous verrons Liane de Pougy, la favorite du Prince de Galles, tous les deux invités à la fête impériale, courir après Vano dont elle a le béguin ; sa camériste, la charmante Flora faire de même auprès du pleutre mais très sympathique Joshka, le meilleur ami de Vano... viendront pour pimenter et corser l’histoire, Conrad le capitaine de police,  davantage passionné par les fleurs et les garçons, que par sa tâche, Strauss, le compositeur viennois, qui fera tout pour faire de Vano son premier Violon et Wallensdorf, membre du contre-espionnage et bien décidé à arrêter les auteurs du complot.

 

©Christian Dresse

C’est Juan Carlos Echeverry qui interpréta Vano. Le ténor colombien à la diction impeccable, laissera trainer par instant son joli accent sud-américain, au bénéfice d’une voix au timbre bien harmonieux. Laurence Janot dans le rôle de Mariana nous a époustouflés. Tour à tour amoureuse, jalouse et révoltée, elle assura avec beaucoup de classe sa partition, d’une voix mélodieuse et veloutée. Sa rivale, Liane de Pougy interprétée par Perrine Madoeuf, est éclatante. Son joli chant élégant, s’allie à un vibrato léger et doux, pour nous offrir le plaisir d’aigus coruscants, puissants et croustillants... sa camériste Flora, est campée par la charmante Flavie Maintier. Cette dernière danse vraiment très bien, elle est souriante et gracieuse, drôle au possible et nous offrira avec son bien-aimé Joshka (Vincent Alary) quelques duos bien enlevés, notamment le sensationnel « Le Lait d’Anesse » au début du premier acte. Vincent Alary justement n’est pas en reste, compagnon de Vano Ballestra, il n’en a ni la bravoure, ni le courage et en profitera, en jouant habilement de sa couardise et de son jeu de scène subtil, pour nous faire rire tout le long aux éclats. Frédéric Cornille est Rodolf, l’Archiduc acquis à la cause tzigane. Baryton à la voix profonde, il en impose par sa prestance et sa puissance. Emilien Marion est Venceslas, un autre tzigane, qui nous fera profiter d’un solide duo avec Vano dans lequel il exprimera de sa voix percutante, toute l’amplitude de son joli timbre. Fabrice Todaro, un policier amoureux des fleurs et des garçons, est comme à l’accoutumée, immensément drôle, ses calembours impayables. Michel Delfaud, lui est inénarrable dans son rôle de commissaire du contre-espionnage chargé d’éviter le complot. Dominique Desmons, Philippe Béranger et Jean-Luc Epitalon, complètent avec bonheur ce plateau de haute volée. Gipsy n'aurait pas été pleinement réussie sans la présence vocale et scénique du Chœur Phocéen, dirigé par Rémy Littolff, qui s’avère de représentation en représentation, vraiment formidable.

Le public s’est enthousiasmé, a trépigné, applaudi pour repartir heureux après avoir fait un triomphe à toute la troupe, en témoignent les très nombreuses reprises de « Gipsy », l’air titre repris par tous.  Décidément, que c'est chouette, l'opérette...

 

 

 

 

 

 

 

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