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L’amour vainqueur. Olivier Py, les frères Grimm et l’opérette

9 Février 2022 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Théâtre

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« A quoi sert le théâtre ? » se demande parfois Olivier Py, l’un des meilleurs metteurs en scène du moment. Eh bien, à nous sortir de la morosité, et par le haut. « L’amour vainqueur » est inspiré d’un conte des frères Grimm : Jungfrau Maleen, édité pour la première fois en 1845. Le spectacle qui ne dure pas plus d’une heure et dix minutes a été créé au festival d’Avignon en 2019. Il nous revient à Marseille, au théâtre de la Criée, toujours aussi frais, presque entièrement chanté, ce qui en fait une sorte d’opérette au second degré, un hymne joyeux à la liberté et à la force irrépressible de l’amour.

 

Antoni Sykopoulos, cliché lebateaufeu.com

 

 

Antoni Sykopoulos a arrangé une musique très agréable, composée par Olivier Py et l’accompagne brillamment au piano, en même temps qu’il campe efficacement le rôle du grand méchant père et militaire indigne. Cette musique ne pousse pas dans leurs retranchements vocaux les comédiens chanteurs, mais elle vaut bien certaines partitions que nous ne nommerons pas. Le baryton-général pousse sa fille à épouser un Roi ennemi et, devant son refus, l’enferme dans une tour. La jeune femme finit par sortir de sa prison, retrouvant son prince amoureux qui se croit à la fois traître et défiguré. On trouve aussi un jardinier écologiste féminisé et une « fille de vaisselle » masculinisée, réflexion sur les genres oblige. La petite bande bouge, chante et danse dans une mise en scène pétillante qui fourmille de références au cinéma, à l’opérette et à la comédie musicale.

 

 

Olivier Py, photo Le Monde

 

Clémentine Bourgoin campe une princesse qui tâte du violoncelle et du registre de soprano, Pierre Lebon barytonise et danse élégamment, Damien Bigourdan ténorise  avec humour le jardinier amateur des fleurs et d’abeilles. Les uns et les autres ont déjà œuvré dans le registre de l’opérette et cela se sent par leur aisance vocale et gestuelle. Les lumières de Bertrand Killy et les décors des ateliers du festival d’Avignon accompagnent avec intelligence le travail  d’orfèvre d’Olivier Py qui nous évite le moindre instant d’ennui. On pense à une troupe de saltimbanques de talent qui irait de scène en scène présenter aux petits comme aux grands une sorte de fable politique, pacifiste et genrée, l’air de ne pas y toucher, mais avec efficacité. Comme le disaient les premiers opposants à la guerre du Viet Nam : Make love, not war.

Signalons in fine, pour celles et ceux que cela intéresserait, que le texte de cette pièce est disponible chez Actes sud, comme la plupart des pièces et romans d’Olivier Py.

 

 

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