Un quintette en son écrin

La Cité de la musique possède une magnifique salle du XVIIIème siècle, très propice aux concerts de musique de chambre. C’est dans ce écrin situé dans l’Hôtel de la Magalone, 245 boulevard Michelet, que nous avons vécu le 21 janvier au soir une superbe soirée avec le Quintette Mickael Ekmketchian. Ce dernier, professeur dans cet honorable établissement était au piano, Dali Feng et Laure Boissinot au violon, Pascale Guérin à l’alto et Xavier Chatillon au violoncelle. Le programme comprenait d’abord la version pour quintette du concerto pour piano en fa mineur de Frédéric Chopin (1830). L’adaptation s’est avérée bien plus séduisante que nous l’avions prévu. Il est vrai que les excellents musiciens qui composent cet ensemble avaient soigné la partition en intégrant au piano certaines parties d’instrument à vent.

Suivait le quintette n° 3 opus 81 en la mineur d’Anton Dvorak (1893), œuvre d’un décousu haute couture dont les virtuoses ont bissé un mouvement rapide après une  fort agréable ode à la lune composée par le pianiste. Précision des attaques et chant des violons, rondeur étonnante de l’alto, chaude puissance du violoncelle, étincelles du piano, en un mot, un régal.  Les deux violonistes et le celliste sont des membres éminents de l’orchestre philharmonique de l’opéra de Marseille. Nous avons pu apprécier dans ce concert ce qu’était également leur talent de chambristes, au côté des deux artistes locaux, les cinq faisant preuve d’une évidente complicité.

La petite salle d’une centaine de places était pleine comme un œuf et le public, visiblement très averti, a justement acclamé debout les cinq chambristes. Le concert ne figurant pas au programme de la Cité de la Musique qui vient d’être édité, on se prend à espérer d’autres surprises. Ainsi en va-t-il encore souvent dans la cité phocéenne, on apprend subrepticement par le téléphone marseillais qu’il se passe quelque chose…