Spartenza, Chants siciliens à St Victor

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Après avoir quitté le théâtre de l’Odeon et l’opérette les 3 gars de la Marine dont l’action se déroulait à Toulon, Lyrica Massilia prenait à son tour la mer pour voguer sur la Méditerranée et se retrouver à Messine... si ce voyage n’était qu’une allégorie de la traversée de Marseille ce dimanche, pour nous rendre de la Canebière à l’Abbaye St Victor, il était néanmoins un peu de ce que nous allions écouter, spartenza, le départ, la séparation, pour nous projeter en musique d’une rive à l’autre de la Mare Nostrum…

Trois artistes, Maura Guerrera au chant et au tambourin sicilien, Malik Ziad à la Mandole et au guembri, accompagnés de Manu Theron, programmateur de la cité de la musique.

Les notes de la mandole, une sorte de luth kabyle résonnaient dans la nef, profondes, apportant une touche orientale aux chants Siciliens que Maura Guerrera déclinaient de sa jolie voix émouvante. L’artiste vivait sa musique, pénétrée par la richesse de ces chansons à la douceur lancinante. On vivait au travers de cette passion la fureur de ces femmes et hommes, leur pauvreté et dénuement, dans cette île inondée de soleil, de chants des moissons et de berceuses traditionnelles. La mandole que Malik Ziad jouait avec beaucoup de sensibilité laissait par instants sa place au guembri, un instrument à cordes pincées qui imposait son rythme, puissant, lourd, les chansons entraînantes portaient alors la voix envoûtante de Maura Guerrera, l’abbaye résonnait de cette invitation à la danse. Poésie, amour courtois étaient également au rendez-vous de ces chants insulaires où l’harmonie et la pureté se disputaient la quête de nos émotions et que Manu Theron exaltait dans une très belle ode à St Jacques de Compostelle.

Dimanche soir, Maura Guerrera et ses deux compères nous ont offert un formidable cadeau, ils nous ont transmis un peu de cette culture, de cette tradition orale, de cette ouverture vers d’autres musiques et peut-être surtout, vers les autres…