Larmes à l'œil, Soupirs aux lèvres : Le Baroque dans toute sa grâce.

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Photos ©Diane Amelin

Certes, ils ne sont pas les seuls à Marseille. Cependant on ne se lasse pas de la qualité des concerts proposés par les Amis de Saint-Victor, association qui cherche à valoriser et entretenir ce monument éponyme.

« Lagrime e sospiri ( larme et soupir ), La virtuosité au féminin chez Stradella et Vivaldi », est le titre du concert qui a eu lieu le dimanche 9 Octobre à l'abbaye Saint-Victor . Un petit « concerto grosso », une forme introduite par Stradella vers 1670, qui permet de faire dialoguer un ensemble instrumental important et un groupe de solistes. À Saint-Victor, le Galilei Consort était notre orchestre et la soprano Chantal Santon Jeffery, notre soliste.

Le Galilei Consort est un ensemble instrumental, fondé par le violoniste Benjamin Chénier, composé de cinq musiciens qui se consacrent à la restitution de pratiques et d'œuvres du XVIIe siècle italien principalement. Un ensemble de quatre cordes (violoncelle, violon, alto) et un clavecin, pour de la musique devant servir à promouvoir les affects.

Chantal Santon Jeffery est une soprano forte d'une solide réputation. Elle est régulièrement l'invitée de prestigieux orchestres et sa discographie connait un grand succès auprès des critiques internationales, appréciée pour sa « voix chaude et souple, magnifiquement soutenue » (Le Monde).

Le programme, en deux parties, nous a permis d'entendre par alternance des œuvres de Stradella et de Vivaldi.

 Stradella :

Moro per amore – « A che tardi », « Furie Furie terribili », « Col moi sangue comprarei », « Per pietà »

La Susanna - « Da chi spero aita o Cieli »

La forza dell'amor paterno - « O morire », « Ferma regina », « Non vedi che Giove », « Lasso, che feci »

Son Giovanni Battista – « Queste lagrime e sospiri »

Vivaldi :

Farnace - « Gelida in ogni vena »

Judith Triumphans - « Armatae face et anguibus »

Orlando furioso - « Ah fuggi rapido »

La Griselda - « Agitata da due venti »

Les musiciens ont fait honneur au baroque, mais ils ont surtout permis à la soliste de briller de mille feux. En effet, Chantal Santon Jeffery possède une technique vocale complètement adaptée à ce répertoire, avec une voix chaude et un legato des plus savoureux, nous faisant ainsi voyager au rythme des différentes mélodies. Mais l'interprétation exige que l'on dépasse la technique, ainsi ses qualités de comédienne lui ont permis d'incarner les différents personnages, donnant accès aux spectateurs aux reliefs d'une musique pleine d'émotion.

Peur, désarroi, chagrin, c'est assis sur un banc que nous nous sommes laissé transporter. Les nuances offertes par la soprano ont pris tout leur sens dans ce lieu de culte.

Un très beau concert que Chantal Santon Jeffery a joué à domicile, elle est en effet la fille de l'organiste titulaire de Saint Victor depuis 1969, François Santon, à qui elle a rendu hommage à la fin du concert.