Amis de Chopin : le point de la situation Interview de Yann Barbizet et Agnès Viottolo
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Nous n’avons pas eu l’occasion de revenir sur la première édition du concours international de piano Pierre Barbizet en décembre 2024. Quels enseignements en tirez-vous ?
Nous espérons avoir rendu à Pierre Barbizet l’hommage qu’il méritait depuis 34 ans. Le niveau des candidats était très élevé, de nombreuses nationalités étaient représentées et le public était au rendez-vous. Nous tenons tout particulièrement à remercier nos auditeurs pour leur générosité, de nombreuses personnes ayant répondu présent pour être famille d’accueil bénévole. Nous avons aussi mesuré à quel point le CNSMDP (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris) est une institution d’exception, tant pour les étudiants français qu’étrangers nombreux à y étudier. En effet, les inscrits au concours provenaient majoritairement d’institutions hors de France et le jury était très varié. Or, en finale, ne restaient que trois étudiants et anciens étudiants du CNSMDP. Avec le recul, cela n’a rien d’étonnant car pour la deuxième année consécutive, le classement international QS World University Rankings distingue cet établissement en troisième position mondiale de la catégorie arts du spectacle.
Pouvez-vous nous donner des nouvelles des lauréats et nous dire si nous les reverrons bientôt à Marseille ?
Nous vous rappelons le nom des lauréats : premier prix Mathis Cathignol, deuxième prix Paul Lecocq, troisième prix : Ionah Maiatsky, prix du public : Raphaël Collard. Le premier prix est reparti avec de nombreux engagements de concerts. Nous avons pu entendre Mathis Cathignol tout récemment au festival Chopin de Nohant. Dans la région, nous pourrons l’entendre le 13 août à 18h au festival de la Roque d’Anthéron. Le même soir à 21h, nous pourrons également entendre Marie-Ange Nguci qui, à la fois, jouera et dirigera. Dans quelques mois, Mathis viendra donner un récital à la SMAC.
La grande pianiste Marie-Ange Nguci va revenir à Marseille pour votre dernier concert de la saison le 3 juillet prochain. Peut-on la considérer comme une de vos artistes fétiches ?
Marie-Ange Nguci est notre marraine. Elle est également la présidente du concours Pierre Barbizet dans lequel elle a investi une énergie colossale. Sans elle, un concours à ce niveau n’aurait pas été possible.
Comme l’an passé, vous proposerez pour votre concert de clôture (3 juillet) deux concertos en version de chambre. Nous pourrons entendre les quatrième et cinquième concertos de Beethoven en version quintette avec Marie-Ange Nguci, le quatuor Talich et Yann Dubost (contrebassiste solo à l’orchestre de Radio France). Cette version nous promet-elle des découvertes musicologiques ?
La version pour quintette à cordes et piano n’est pas un simple « réduction » des concertos de Beethoven : elle en révèle d’autres couleurs, une intimité presque chambriste qui éclaire autrement l’écriture du compositeur. On redécouvre l’équilibre entre les voix, l’articulation du discours, et l’on perçoit des détails souvent masqués par la puissance orchestrale. Et avec des musiciens de ce niveau, l’expérience s’avère passionnante.
La saison prochaine, pensez-vous poursuivre votre formule d’avant-concert avec un jeune talent ?
Absolument ! Le soutien aux jeunes talents fait partie de notre ADN comme vous avez pu le voir avec le concours. C’est également une demande forte de notre public.
Comment pensez-vous pouvoir parvenir à fidéliser votre public ?
Une grande partie est déjà fidélisée. Nous retrouvons un grand nombre d’auditeurs à chaque concert.
Nous avons, cette année, établi une collaboration avec la Société de Musique de Chambre afin de partager nos programmations avec nos publics respectifs. Dans le même esprit, nos tentons d’établir des synergies avec le public de Musicatreize. Nous réfléchissons également à une formule d’abonnement pour la saison prochaine.
Vous êtres arrivés à Marseille il y a trois ans avec une offre culturelle de haute qualité, mais dans un contexte économique dégradé. Comment envisagez-vous l’avenir ?
Il est vrai que le contexte économique est complexe, mais nous restons ancrés dans le présent. Nous construisons chaque saison avec l’ambition de proposer une programmation exigeante, accessible et vivante, sans nous projeter trop loin. Ce sont les rencontres, l’enthousiasme du public, et la qualité des artistes qui nourrissent notre engagement. L’avenir se dessine au fil des saisons, avec confiance, travail et passion.
Votre marge de progression n’est-elle pas liée à la disposition d’une salle plus spacieuse pour accueillir des célébrités comme ceux et celles que nous vous avons entendues cette année ?
Surtout pas ! Tout l’intérêt de notre proposition est la proximité, nous osons dire la « communion », entre l’artiste et le public. De ce point de vue, la salle Musicatreize est parfaitement adaptée. Le public est à quelques mètres de l’artiste et peut échanger avec lui après le concert. Réciproquement, les artistes recherchent ce partage. Ces conditions sont exceptionnelles, nous ne souhaitons rien changer.
Manque de publicité ou indifférence? Il semble que vos concerts soient peu relayés. Quelles appréciations portez-vous à ce sujet ?
C’est là notre point faible. Malheureusement nous ne sommes pas aidés par la presse culturelle locale, à l’exception notable du journal Zébuline. Heureusement, notre public est notre meilleurs relai, Nous sommes confiants. Laissons le temps au temps.