Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lyrica-massilia

Sigurd Un siècle plus tard

24 Mars 2025 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Opéra de Marseille

 

La statue d’Ernest Reyer au parc Longchamp par Paul Gondard. Elle fut installée en 1934 devant l’Opéra

 

C’est  l’œuvre qui marqua la reprise de  l’Opéra de Marseille en 1924. Elle nous revient un siècle plus tard et constituera pour beaucoup une découverte. Sigurd est un opéra en quatre actes, neuf tableaux et deux ballets d'Ernest Rey, dit Reyer, sur un livret de Camille du Locle et Alfred Blau, composé en 1883 après près de vingt années de gestation et créé à Bruxelles en 1890. Dans la germanophobie ambiante de l’époque, le public fut rassuré de trouver dans cette musique une francité de bon aloi. En décembre 1891, l’ouvrage atteignait à Paris sa centième représentation.

Les wagnériens ne vont pas manquer de nous expliquer que ce héros nordique est en fait un autre nom de Siegfried. Mais l’ouvrage de Reyer n’est certes pas la cinquième partie du Ring des Nibelungen. Ce serait plutôt un grand opéra à la française, certes d’inspiration germanique. Reyer est moins spiritualiste que Wagner, même s’il ne dédaigne pas l’accession finale au paradis et l’emploi de la potion magique. Avec quatre actes et neuf tableaux, quatre heures de musique, les artistes ne chôment pas.

Quatre représentations sont prévues, (tétralogie inconsciente ?) les mardi 1er avril 2025 à 20 h, vendredi 4 avril 2025, 20h, dimanche 6 avril 2025, 14h30, et mardi 8 avril 2025,  20 h.  La direction d’orchestre sera assurée par Jean-Marc Zeitouni, un Canadien francophone mondialisé, la mise en scène étant signée par  Charles Roubaud, les décors par Emmanuelle Fabre, les costumes par Katia Duflot et les lumières par Jacques Rouveyrollis.

Les rôles féminins seront confiés à la soprano Catherine Hunold (Brünhilde),  qui s’est déjà frottée à Wagner et Richard Strauss, Charlotte Bonnet, autre soprano puissante (Hilda) et Marion Lebègue, mezzo (Uta). Quant à la distribution masculine, dominée par des tessitures graves, excepté pour le rôle titre, Sigurd, chanté par le Heldentenor Nicolas Schukoff qui a consacré un quart de sa carrière à chanter du Wagner, on entendra Gunther par le baryton Alexander Duhamel, Hagen par la basse Nicolas Cavallier, le Grand prêtre d’Odin par le baryton  Marc Barrad que nous retrouverons avec grand plaisir. Un barde sera chanté par le baryton Gilen Goicoechea, Irnfrid par Marc Larcher, ténor qui a  déjà connu quelques triomphes à Marseille, Rudiger par le baryton Jean-Marie Delpas et Ramunc par la basse Jean-François Blot.

Sigurd a marqué l’opéra de Marseille  avant de passer de mode : 1889 (version en cinq actes et six tableaux) 1899, ouverture de 1924, plusieurs débuts de saison dans les années 1930, puis 1940, 1945, 1946, 1947. André Second (Ernest Reyer, Autres Temps, 2008) nous montre en détails comment Marseille ne dédaigna pas cet ami d’Hector Berlioz. Il y eut même le 17 octobre 1934 une soirée de gala à l’Opéra avec José Luccioni (1903-1978) dans le rôle de Sigurd. On devait en profiter pour inaugurer la statue de Reyer devant l’opéra, mais le Roi Alexandre 1er de Yougoslavie et le Ministre des affaires étrangères français, ancien président du Conseil, Louis Barthou s’étaient fait assassiner la semaine précédente sur la Canebière.

L’œuvre lyrique la plus jouée de Reyer n’est pas ce Sigurd, mais Salammbô (1882), d’après le roman de Gustave Flaubert, opéra ressuscité en 2008 à Marseille et qu’on ne désespère pas de réentendre un jour prochain, sans oublier Erostrate (1864), ouvrage bien oublié depuis sa représentation marseillaise de 1893. En résumé, Sigurd n’a pas été donné à Marseille depuis 1995.

Espérons que comme pour Meyerbeer dont  les Huguenots et l’Africaine ont fait à Marseille les saisons passée de véritables tabacs, on aura compris que le Grand Opéra à la Française avait de beaux jours devant lui, pour peu qu’un orchestre et des voix adéquates s’en emparent.

Sigurd restera quoi qu’il en soit un bel exemple de transfert culturel. Reyer a fait appel à des sources mythologiques allemandes et scandinaves. En même temps, il a choisi de poursuivre dans la veine des grands opéras français

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :