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lyrica-massilia

Jacky Terrasson à La Criée Eloge de la variation

7 Mars 2025 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Marseille Concerts

Photo © La Criée

Marseille Concert ne pouvait concevoir de s’ouvrir au jazz en cette fin d’hiver, sans proposer un musicien de haut vol qui fût au niveau d’exigence dont témoignent saison après saison ses concerts de musique de chambre. Jacky Terrasson, pianiste d’exception et ses deux compères, le marseillais Sylvain Romano à la contrebasse et Lukmil Perez (« le plus français des Cubains ») à la batterie, ont largement tenu le pari, le lundi 3 mars au soir dans un théâtre de la Criée plein à craquer.

De formation classique, Terrasson s’est très vite tourné vers le jazz. En quelque trente années de carrière, le pianiste a réalisé de nombreux enregistrements où il alterne les reprises et les créations originales.  e dernier, dont le programme structurait le concert, s’appelle Moving on et revient sur des décennies d’aller retour entre la France et les Etats-Unis.

Dès les premières notes issues d’un nocturne de Chopin, nous avons compris que cet artiste franco-américain était un as de la variation. En symbiose avec une contrebasse et une batterie parfaitement complices, il a enchainé avec un travail subtil sur Besame mucho, chanson célébrissime écrite en 1932 par la pianiste mexicaine Consuelo Velázquez, d’après une aria de Granados. Puis est venu le souvenir de Caravane, l’un des standards de Duke Ellington, composé en 1956 par le tromboniste Juan Tizol, avant un extrait de la musique du film de Jacques Demy, Les Parapluies de Cherbourg,  créée par Michel Legrand en 1964.

Le public était aux anges. Nombreux étaient celles et ceux qui découvraient un pianiste de jazz subtil, au toucher aussi habilement délicat que percussif, doublé d’un musicien inventif s’inscrivant dans l’histoire des musiques pour en faire son miel, en conservant une approche tonale. Dans un de ses concerts en solo,  il s’est rendu célèbre comme étant porteur de cette sensibilité éruptive, en répondant au piano à une sonnerie de téléphone sonnant dans la salle.

Cette logique de variation sur le son qui passe nous a valu ensuite une composition à partir de quelques notes d’un oiseau, enregistrées par le pianiste dans une forêt de Bornéo. D’où le titre : « Edit (Piaf) (sic) ».

 

 

Les artistes nous ont offert deux rappels. Le premier, sur une simple quarte, a donné l’occasion d’une variation subtile, créant une sorte de suspension du temps. Le second a démarré sur Il pleut sur Nantes de Barbara, pour dériver très vite sur Les feuilles mortes de Joseph Kosma.

Jacky Terrasson témoigne d’une intelligence, d’une technique hors pair et d’une sensibilité au service de la musique.  Grâce soit donc rendue à Marseille Concerts pour ce qui a relevé d’une prise de risque réussie. Mais si les publics du quatuor à cordes et du jazz sont esthétiquement poreux, c’est qu’il sont socialement et culturellement très proches.

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