Schönen Dank für die Einladung lieber Frederik ! Proszę kochanien Franz!
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Photo RTBF
Les Schubertiades existaient du vivant du grand Franz (1797-1828). Le nom est apparu en 1821. Il s’agissait de concerts donnés en petit comité, une pratique intimiste que Schubert de dédaignait pas. Sous le sinistre Chancelier Metternich, la culture non conventionnelle ne pouvait que se cacher, comme nous l’expliqua en présentation du concert Agnès Viottolo, et l’on buvait et ripaillait en musique pour adoucir l’atmosphère.
La Société Marseillaise des Amis de Chopin espérait un peu mieux qu’un tel comité restreint pour les deux concerts présentés deux soirs de suite au creux de l’hiver. Et elle fut rassurée. La Salle Musicatreize, son lieu de prédilection, était fort bien remplie et ce ne fut que justice, eu égard à la qualité des interprètes de stature internationale. Les deux concerts étaient dédiés aux deux dernières années de l’existence de Schubert, une période particulièrement productive.
La tradition des doubles concerts, qui a déjà fait ses preuves, avait été maintenue avec des jeunes artistes en première partie et des virtuoses confirmés en seconde. La SMAC entend ainsi présenter au public les grands pianistes de demain (de plus en plus nombreux, nous confiait Yann Barbizet), en même temps que des artistes qui mettent la scène marseillaise au plus haut niveau. La saison dernière, dont nous avons régulièrement rendu compte, aura témoigné à l’envi de l’intérêt de la formule. On ne peut que regretter que la presse passe à côté d’une telle qualité, mais un jour viendra où le romantisme reprendra ses droits en majesté dans la cité phocéenne. Che va piano…
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La première des deux occurrences a eu lieu le vendredi 31 janvier avec, à 18h, avec un récital de la coréenne Mire Jeong et du français Pierre-Marie Gasnier, qui nous ont proposé des oeuvres à quatre mains composées l’année de la disparation de Schubert: les célèbres Fantaisie et Lebensstürme. Nous avons également pu apprécier la transcription pour piano, toujours à quatre mains, du célèbre quintette à cordes avec deux violoncelles en ut majeur, D. 956. On doit cette transcription, réalisée avec un grand talent par le compositeur Hugo Ulrich (1827-1872), hélas aujourd’hui bien oublié.
Il est passionnant d’entendre ce chef d’œuvre dans une adaptation qui crée un délicieux décalage, d’autant que les deux pianistes savent faire sonner le Steinway pour créer une ambiance sonore très analytique.
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Suivirent à 20h30 Samuel Hasselhorn et Florian Caroubi avec le Voyage d’hiver (Winterreise), écrit en 1827, soit un an avant la mort de Schubert sous la forme de 24 lieder avec piano. Et là, la grâce s’installa, humaine, immanente, horizontale. Les deux artistes vivent leur Schubert et créent une émotion immédiatement sensible dans ce public de mélomanes avertis, mais pas pour autant blasés. Avec ce baryton qui mène une double carrière internationale, entre emplois lyriques et interprétation de Lieder, nous nous sommes pris à rêver de le voir distribué dans un opéra à Marseille. Dans Schubert, il marie puissance et délicatesse, du sombre grave à l’aigu dramatique.
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Samedi 1er février, on entendit à 18h le Trio Pantoum (Hugo Meder, violon, Bo-Geun Park, violoncelle et Kojiro Okada, piano), jouer les deux trios op. 99 et 100. Les deux œuvres, bien que composées dans la même année (1827), montrent des aspects différents de la sensibilité de Schubert. L’op. 100 est grandiose et intensément dramatique, tandis que l’op. 99 relève d’un registre plus léger, avec cependant beaucoup de charme et d’élégance.
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Photos SMAC
A 20h30, c’est Marie-Rosa Günter qui nous interpréta les trois dernières sonates de Schubert, indissociables l’une de l’autre (D. 958, D. 959 et D. 960). Cette artiste allemande est trop peu connue en France. Son récital a été bouleversant. La première sonate est de facture très Beethovenienne. Schubert était un grand admirateur de celui dont il porta le cercueil lors de ses obsèques, à Vienne, le 26 mars 1827. Cette sonate est sans doute un hommage qu’il lui a rendu. Dans la deuxième, on retrouve, dans le célèbre andantino, les déambulations du Wanderer. Quant à la troisième, quasiment la dernière œuvre de Schubert, elle marque un apaisement. Le thème en est lumineux, intemporel. C’est le témoignage d’un dernier voyage, nous rappelant la conception qu’avait Schubert de la mort : une amie, rien de tragique (cf. les paroles du Lied « la jeune fille et la mort »).
Prochain concert, le jeudi 6 mars à 20h30, Rodolphe Menguy jouera le prélude opus 45, les Nocturnes op. 62e et Sonate no 3 en si mineur de Chopin, puis la Berceuse et l’impressionnante sonate en si mineur de Liszt.