Verdi, Requiem majeur à Marseille
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Peut-être en prélude au Requiem auquel nous nous rendions dimanche, le ciel s’était drapé de grisaille… Quoi qu’il en soit, le public marseillais, nombreux (et gâté…), se dirigeait d’un pas alerte au théâtre de la rue Saint-Saëns pour écouter l’un des plus beaux Requiem jamais écrits : celui de Verdi.
De cette œuvre absolument somptueuse, il est connu que l’admiration portée par le compositeur au poète Manzoni, inspira son écriture à la suite du décès de ce dernier. Tout aussi connu est le dilemme qu’elle suscite : s’agit-il d’une œuvre de dimension théâtrale ou spirituelle ? D’un côté éclate l’orchestration puissante et majestueuse, des voix saisissantes partagées entre des soli inoubliables et des instants de grâce entre les quatre solistes, le chœur à la fois violent et paisible, de l’autre la structure de l’œuvre avec ses mélodies, ses silences, ses recueillements, qui ne laissent aucun doute sur sa portée spirituelle. Ce n’était en tout cas pas le défi auquel s’attachaient l’orchestre, les chœurs de l’Opera de Marseille et les quatre solistes, laissant ces querelles sans beaucoup d’importance aux exégètes musicologues, préférant offrir une vision vibrante et inspirée.
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Michele Spotti, habité par une direction musicale en tout point remarquable, doté d’une énergie communicative et d’une gestuelle ample, a livré une lecture profondément émotive et nuancée de cette œuvre. L’interprétation fut magistrale jusque dans les silences habités qui ponctuent cette partition. Les déchaînements qui éclatent, terriblement expressifs, les passages d’une douceur bouleversante et chargés d’une intense émotion offrent aux spectateurs des contrastes éclatants.
L’orchestre a confirmé sa réputation, alliant puissance et sensibilité, notamment les pupitres de cordes soignés et éloquents. Les cuivres, riches et lumineux, ont également contribué à cette performance, bien mis en valeur dans l’espace scénique. Quant au chœur, il fut renversant, véritable cinquième soliste de cette œuvre. Préparé avec soin par Florent Mayet, il a su allier puissance et délicatesse, donnant toute sa profondeur à cette partition d’une exceptionnelle beauté.
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Les solistes – Angélique Boudeville (soprano), Anna Goryachova (mezzo-soprano), Iván Ayón-Rivas (ténor) et Simon Lim (basse) – ont, eux aussi, largement contribué au succès de cette interprétation. Malgré les débuts un peu en retrait, avec des projections, notamment dans les aigus, timides, ils ont ensuite trouvé leur équilibre, offrant une prestation sensible et harmonieuse.
Autant de louanges ne pouvaient qu’être l’écho d’une interprétation magistralement aboutie, tant sur le plan musical que spirituel. Le public qui garnissait copieusement la salle ne s’y est pas trompé, applaudissant à tout rompre, saluant ainsi un après-midi inoubliable.
Il faut noter que Radio Classique a réalisé une captation de ce concert, qui sera diffusée le 9 février à 20 heures.