Dans l’intimité de la clarinette, en attendant le saxophone, le duduk arménien et la flûte piccolo
/image%2F3241380%2F20250120%2Fob_5a60ae_250122-11.png)
C’était l’un ce ces précieux après-midi dominicaux à Saint-Victor, dans cette crypte que l’on dirait taillée dans le roc, avec une invitée de marque, la clarinette Le maître des lieux, André Gabriel nous rappela d’entrée qu’elle aurait été inventée autour de 1690, à Nuremberg par Johann Christoph Denner (1655-1707) à partir de son ancêtre, le chalumeau, instrument à anche simple.
André Carboulet, Professeur au Conservatoire de Marseille était venu accompagné, ce dimanche 19 janvier, de deux de ses meilleurs élèves, Marina Servia et Gaspard Domzalski. Le trio nous a présenté, non sans un humour salutaire, un florilège des possibilités de l’instrument, même s’il faudra envisager de programmer une suite pour explorer notamment la tradition du registre folklorique Klesmer.
La clarinettiste a commencé par nous faire entendre ce que Mozart a pu tirer de cet instrument, dont il avait compris qu’il était le plus proche de la voix humaine, avec le célèbre thème du mouvement lent de son concerto pour clarinette. On sait par ailleurs qu’il aura porté à cet instrument une affection teintée de l’humanisme maçonnique qu’il pratiquait. On entendit ensuite, du même compositeur, deux extraits des duos pour cor de basset, cette forme de clarinette à mi-chemin entre l’instrument classique et la clarinette basse, aujourd’hui presque abandonnée.
Puis, est venue une étonnante transcription d’une sonate pour violon seul de Bach. Mais on entendit aussi Schubert, Poulenc, Kovács, Hersant, Khatchaturian, Rachmaninoff, Brahms, Debussy, Gershwin, Benny Goodman et Messiaen, morceaux pour clarinette ou transcriptions, tout cela se montrant très éclairant quant aux larges possibilités de l’instrument. Le trio s’est aussi amusé avec des airs d’opéra de Tosca ou de la Forza del Destino, faisant preuve d’une étonnante virtuosité.
Deux autres concerts « cryptés » seront proposés par les Amis de Saint-Victor pour finir l’hiver, autour d’autres instruments à vent. Le dimanche 23 février, à 17 heures, Joël Versavaud, grand spécialiste du saxophone, présentera également le duduk, sorte de hautbois arménien. Il donnera, lui aussi à la fois des œuvres dédiées à ses instruments et des transcriptions.
/image%2F3241380%2F20250120%2Fob_64292d_250122-12.png)
Le dimanche 23 mars, à la même heure, ce sera au tour de Jean-Louis Beaumadier de proposer un concert autour du piccolo, sorte de mini flûte dont on retrouve le son suraigu dans tous les orchestres symphoniques, et ce depuis Gluck. Notre spécialiste joue sur un instrument ancien en bois d’ébène.
/image%2F3241380%2F20250120%2Fob_fb65db_250122-13.png)
C’est tout l’intérêt de ces concerts de Saint Victor que de nous faire entendre de grands artistes dans une ambiance de quasi intimité. Soixante-dix personnes environ, venues assister au concert pour un prix modique (10 euros et seulement 5 pour les adhérents des Amis de Saint Victor), une proximité avec les instrumentistes et les organisateurs, tout cela fait apprécier différemment l’accès à la musique. Que l’on soit ou non sensible à la « spiritualité » du lieu, il en impose. Le poids des siècles ne nous écrase par pour autant, il nous inscrit dans le temps long.