Quelques échos du festival de Caunes Minervois
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Ce festival, dirigé par Jean d’Alibert qui se déroule dans les derniers jours d’août confirme d’année en année l ‘excellence de sa programmation. Alternant la musique de Chambre et le jazz, il ravit un public constitué pour moitié de spectateurs locaux et d’anglais dont certains sont des résidents permanents. C’était cette année la septième édition, soutenue par pas moins de dix huit partenaires.
Un petit concert d’ouverture (notre photo) s’est déroulé dans une douceur matinale de fin d’été, le 28 août, devant la Mairie de Caunes. La petite équipe de musiciens habitués, issue pour la plupart de ses membres de l’Orchestre National de France était conduite à la clarinette par Patrick Messina, directeur artistique du festival, nous a offert un florilège de musiques de films. Ce n’est pas un hasard si les Nino Rota, Ennio Morricone, Bernard Hermann, Michel Legrand ou Francis Lay, sont aujourd’hui souvent à l’honneur, dans la mesure où ce sont eux, comme nous l’avons plusieurs fois noté, qui ont maintenu, envers et contre tout, la tonalité.
Mariko Inaba Messina et Nguyen Nguyen Huu au violon, Isabelle Villanova à l’alto, Raphaël Penot et Mario Messina au violoncelle ont évoqué Amarcord, les Parapluies de Cherbourg, Harry Potter et Cinéma Paradiso, avec un morceau d’Astor Piazzola en rappel. Le jeune pianiste Tom Carré nous a offert ensuite deux mazurkas de Chopin.
Avant le grand concert de clôture, baptisé « la grande finale », plusieurs jeunes talents ont été invités, dont le pianiste Stefan Boucabeille que nous avons eu le plaisir de découvrir récemment à Marseille en première partie d’un concert des Amis de Chopin. Les autres jeunes artistes étaient Tom Carré au piano, Jorgé Sierra et Marco Messina, au violoncelle, Maëlys Lauriac au violon et Gianluca Colaci à la clarinette.
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La soirée de clôture du festival, le samedi 3 août, dans le cloitre de l’abbaye a tenu toutes ses promesses, y compris un temps clément.
En première partie, le sextuor en si bémol de Brahms, écrit en 1859-1860 est une merveille d’écriture. Les six parties (deux violons, deux alti, deux violoncelles) sont à la fois autonomes et chorales. Le premier des quatre mouvements est peut-être le moins bien construit à cet égard, mais il est d’une grande richesse mélodique. Les trois suivants relèvent d’une composition néo-classique inspirée. Mariko Inaba Messina et Nguyen Nguyen Huu au violon, Nicolas Bône et Isabelle Villanueva à l’alto, Raphael Perraud et Oana Unc au violoncelle ont donné le meilleur de leur art, alliant puissance et délicatesse, dans une évidente complicité.
Le dispositif a changé avec le septuor en mi bémol de Beethoven (notre photo), oeuvre imposante en six mouvements composée en 1799-1800. Pierre Hecquet était à la contrebasse, Patrick Messina à la clarinette, Jacques Deleplancque au cor et Philippe Hanon au basson, avec Mariko Inaba Messina au violon, Nicolas Bône à l’alto et Raphaël Perraud au violoncelle. La construction de cette œuvre, que l’auteur n’appréciait guère (il a en effet écrit des œuvres bien plus profondes), est moins parfaite que celle de Brahms. Le premier violon domine et c’est de lui que part l’essentiel de l’invention mélodique. Quant a trio à vent, il fonctionne bien avec des musiciens hors pair que l’on a peu l’habitude d’entendre dans un répertoire de musique de chambre, surtout le cor et le basson.
L’inscription du festival de Caunes Minervois dans le cadre d’une superbe abbaye bénédictine datant de la fin du VIIIème siècle pour les débuts de sa construction, avec un public à la fois studieux et chaleureux, crée une ambiance des plus agréables. Les musiciens sont accessibles. Le Minervois n’est pas le Lubéron.
On nous permettra un seul regret, que la programmation ne laisse aucune place au lyrique qui fit jadis les beaux jours de Caunes avec un autre festival. La synthèse est-elle impossible ?