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lyrica-massilia

Norma : éclatant début de saison musical à l’opéra

30 Septembre 2024 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Opéra de Marseille

Photo © Christian Dresse

 

Quel bonheur que d’écouter Vincenzo Bellini servi par des chanteurs et musiciens de haute qualité! La Norma qui commence  cette nouvelle saison était à écouter les yeux fermés.

Commençons par quelques mots sur l’interprétation du rôle-titre par Karine Deshayes. L’artiste, qui a plus d’une fois triomphé à Marseille, maîtrise parfaitement les registres vocaux variés imposés par la partition, à commencer par celui que réclame l’air célébrissime du premier acte, Casta Diva. Nous avons vu des spectatrices et spectateurs désorientés par le  choix musical  de le chanter mezzo vocce. Pourtant cet air est bien une prière, même si certaines grandes voix,  à commencer par Maria Callas, en ont fait un morceau de bravoure et ont installé dans les esprits une interprétation qui relève d’un contresens musical.

Karine Deshayes sait incarner la douceur, la violence, la méchanceté, la plainte. Alors que l’on confie trop souvent le rôle à une soprano, le choix d’une mezzo possédant des aigus flamboyants nous a remis dans le souvenir de la Malibran. La chanteuse possède ces qualités vocales et le pari esthétique du chef Michael Spotti qu’elle a incarné fidèlement aura été une réussite.

La prestation de la soprano géorgienne Salomé Jicia, qui joue Adalgisa, a constitué une très bonne surprise. Alliant puissance et fraîcheur, elle a recueilli un triomphe du public. Quant à Laurence Janot, elle s’est très bien tirée de son petit rôle de Clotilda.

Du côté des rôles masculins, nous étions également à la fête. Le ténor Enea Scala, que nous avons plus d’une fois apprécié à Marseille, a interprété Pollione avec une puissance et une émotion étonnantes, doublées d’une maîtrise impeccable des aigus. Patrick Bolleire, imposant et remarquable basse, autre habitué de la scène phocéenne, était dramatiquement et vocalement excellent, en incarnant Oroveso,  le père de Norma. Le ténor Marc Larcher, en Flavio, le compagnon de Pollione a parfaitement tenu son emploi. La distribution était donc d’une rare homogénéité.

L’orchestre dirigé par Michele Spotti  s’est montré au mieux de sa forme. Les chœurs, préparés par Florent Mayet et Clément Lonca, ensemble très sollicité par Bellini, méritent également les éloges. L’avenir de l’Opéra de Marseille est assuré. Mais qui en doutait ?

Quant à la mise en scène, nous oserons dire qu’elle a parfois parasité une musique si bien écrite et si bien interprétée. Quelle idée de faire déclamer, en français de surcroît, un texte  d’une grande platitude par un immense cerf blanc à volants, censé symboliser la cosmogonie gauloise ? La littéralité de la mise en scène qui s’est traduite, entre autres, par des vidéos d’enfants redondantes et une volonté de symbolisation avec des petits chevaux à roulettes que nous avions déjà vus, ont inutilement distrait notre attention. Les décors d’Abel Orain et Hernán  Peñuela n’avaient pas besoin d’être sursignifiés.

En conclusion, après cette prestation musicale de haut vol, attendons sereinement, à la mi-novembre, le passage du Bel Canto au Vérisme, avec Madame Butterfly de Giacomo Puccini, une direction d’orchestre d’un Paolo Arrivabeni que nous retrouverons avec plaisir et une mise en scène d’Emmanuelle Bastet.

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