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lyrica-massilia

Société des amis de Chopin. Encore une soirée mémorable

15 Avril 2024 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #SMAC

Soirée en deux temps, comme cela est devenu une tradition à la Société Marseillaise des Amis de Chopin. Le jeudi 11 avril, à  18 h 30, devant une salle de l’auditorium de Musica 13 de la rue Grignan déjà bien garnie, un jeune et brillant pianiste, Novak Defrance avait choisi un programme à la fois intelligent et exigeant.  Il  nous  a en effet donné à entendre une série de préludes, certes pas parmi les plus connus, alternant entre le livre 2 des Préludes et fugues de Johann Sebastian Bach et l’opus 28 de Frédéric Chopin. Il avait commencé par un prélude à l’imitation de M. Froberger (prénommé Johann Jacob, compositeur, organiste et claveciniste allemand) de Louis Couperin, l’oncle de François.

Ce premier concert devait terminer en fanfare avec la superbe et brillante transcription du Tannhäuser de Richard Wagner, par Franz Liszt, magistralement interprétée par Novak Defrance. On notera que l’artiste, féru de musicologie, a enregistré une version de cette partition sur un piano demi-queue Erad de 1903, à la tablature différente (cordes parallèles) que l’on peut entendre à cette adresse : https://youtu.be/auH8cwoCYPs.

Le résultat est saisissant. On croirait entendre deux pianos. Cette expérience a été réalisée en janvier dernier, au côté des étudiants en formation supérieure aux métiers du son du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. En bis, Novak de France nous a offert la transcription pour clavier du menuet, dernier mouvement du cinquième quatuor de Mozart en fa majeur.

 

Photo © Pierre Gondard

 

A 20 h30, ce fut au tour d’un concertiste confirmé, François Chaplin, de nous présenter un superbe récital romantique. Il commença avec quatre impromptus, op. 90. de Franz Schubert interprétés de manière inspirée. Puis vint Chopin, avec rien moins que trois valses, op. 34 et quatre mazurkas, op. 24. Pour ces danses typiquement polonaises, le pianiste nous expliqua qu’il avait les avait vu danser à Varsovie, ce qui lui avait permis de mieux comprendre leur rythme à la fois ternaire et syncopé qu’il a su traduire. Sont ensuite venus le Nocturne op. posthume, en ut dièse mineur et la Barcarole, op. 60, tout de délicatesse. Le grand Fryderyk Franciszek Chopin était chez lui.

François Chaplin nous a gratifié de deux rappels, une Allemande de Rameau, qu’il a dédiée à la  mémoire de Pierre Barbizet, immense pianiste et passé directeur  du conservatoire de Marseille, dont le fils, Yann, présent dans la salle, est le secrétaire général de le SMAC. Autre rappel, les Scènes de la forêt de Robert Schumann. Nous avons particulièrement apprécié  le jeu de Chaplin, d’une totale précision, ce qui s’avère particulièrement précieux dans des œuvres très connues et pour lequel le public a souvent dans l’oreille des versions de référence.  La salle ne s’y est pas trompée et a fait une ovation au pianiste.

 

Photo © Pierre Gondard

Photo Pierre Gondard

 

Chopin, nous a rappelé François Chaplin, détestait les grandes salles de spectacle qui lui donnaient un sentiment de panique. La sorte d’écrin rempli à ras bord où nous nous trouvions est donc parfaitement adéquate à un tel double programme, au demeurant remarquablement construit.

Le prochain concert de cette société présidée par Agnès Viottolo nous offrira un programme dédié aux compositeurs arméniens, avec Jean-Paul Gasparian qui  nous interprétera Komitas : Quatre danses, Gérard Gasparian : Ballade pour piano, Khatchatourian : Adagio de Spartacus, Babadjanian : Prélude et  Danse de Vagharshapat, Impromptu et Capriccio. Pour finir, Jean-Paul Gasparian nous donnera  la grande sonate en sol majeur, op.3 de  Piotr Illich Tchaïkovski.

A 18h30, nous entendrons Stéphane Boucabeille, un très jeune pianiste de quinze ans.

Avec l’irremplaçable Marseille Concerts, la Société Marseillaise des Amis de Chopin est devenue un pilier de la culture musicale classique de la Cité phocéenne. Il s’agit, dans les deux cas, d’installer un niveau de qualité international, tout en donnant leur chance à de jeunes artistes. Il y va, avec l’Opéra et quelques autres lieux, d’une partie de l’attractivité de la deuxième ville de France. Passés ces jeux olympiques qui n’ont plus aucun sens et les déboires de l’OM, il serait temps que les édiles, de même que les médias, prennent en compte les efforts considérables des opérateurs culturels pour mobiliser des artistes et fidéliser un public venu parfois de loin.

Marseille n’est pas Aix en Provence, petit Paris décentralisé pour les beaux jours, c’est une métropole et si elle a des concurrentes, ce sont celles de Lyon, Hambourg, Birmingham ou Naples. Qu’on se le dise et le répète.

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