Airs sacrés, airs lyriques. Un dimanche rue Grignan
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Le lyrique peut-il être sacré et vice-versa ? Question de première année en licence de théologie musicale protestante. Ce dimanche 14 avril, à 17 heures, au temple de la rue Grignan, invités par Lyric’Opéra, Pauline Rouillard, soprano, Marie Pons, contralto et Sylvain Souret, piano, sont passés aux travaux pratiques. Ils ont chanté et joué Vivaldi, Donizetti, Mozart, Poulenc, Bizet, Frank, Bernstein et Karl Jenkins. Ces trois artistes qui ont, malgré leur jeunesse, déjà derrière eux une belle carrière plusieurs fois récompensée, nous ont donné le meilleur d’eux mêmes, ce que le public a bien ressenti.
Avant de détailler le beau programme qui nous fut offert, signalons que le travail énorme effectué par Marthe Sebagh et ses amis de Lyric’Opéra mériterait d’être mieux relayé par les médias. En effet, un concert comme celui auquel nous avons assisté devrait des dérouler devant une assistance bien plus nombreuse. Ce n’est hélas pas le seul cas de ce genre. Que l’information culturelle soit défectueuse à Marseille se confirme. Nous ne sommes pas les seuls à nous en plaindre. Maigre consolation.
Les artistes invités ont commencé en douceur par un duo Laudamus te, extrait du Gloria de Vivaldi à deux voix, suivi d’un Alleluia de Mozart, avant une Incantation de Karl Jenkins, extraite de son Stabat mater, très bien écrite dans un style arabo-andalou que Marie Pons maîtrise fort bien. Puis est venu le tube des chorales, le Panis Angelicus de César Frank, dans lequel les deux chanteuses ont remarquablement accordé leurs voix.
Puis Sylvain Souret s’est attaqué au piano à la Danse du feu de Manuel de Falla dont il fait un morceau de bravoure. Deux mélodies ont suivi, les très célèbres Chemins de l’amour de Francis Poulenc et une délicieuse composition du compositeur juif ukrainien Yan Frenkel, Zhuravli, qui vécut à l’époque soviétique et que Marie Pons a interprété dans un russe parfait, nous a glissé un spécialiste.
Vint ensuite le moment lyrique avec un long air très difficile de Gaetano Donizetti, extrait de Don Pascale « Quel guardo il cavaliere », où Pauline Rouillard a montré avec brio l’étendue de son registre de colorature, avec un mi bémol aigu de toute beauté. Suivi, mais pour contralto, le « Segreto per esser felici » de Lucrezia Borgia du même compositeur. Enfin, ce fut une version pour duo du trio des cartes de Bizet, chanté avec une évidente jubilation.
Sylvain Souret nous a ensuite offert une improvisation très expressive, qui nous a fait dire qu’il pourrait devenir, bien que reconnu comme pianiste accompagnateur et chef de chant, un excellent compositeur de films.
Pour terminer, il nous a été donné de vérifier que Leonard Bernstein n’avait pas écrit que West Side Story, avec trois extraits de son opérette Candide, composée la même année, en 1950. « Gitter and be gay », dans un registre de colorature digne du bel canto, « I am easily assimilated », très hispanisant pour contralto et un duo « We are women » qui a fini le spectacle dans la joie et a été bissé par le public.
Le prochain rendez-vous de Lyric’Opéra est fixé au dimanche 5 mai, à 17 heures, avec « An die Musik. Magali Damonte nous présentera les jeunes talents de sa classe de chant lyrique au Conservatoire de Marseille, avec André Guidi au piano. On devrait entendre des Lieder de Brahms, Mahler, Robert et Clara Schumann, Schubert et Wagner. Espérons que pour cette présence de la Deutsche Kultur in Marseille, le branle-bas soit donné. Voraus, diese Kultur wird gewinnen !