Rémy Brès-Feuillet, Nicholas Isherwood, Riccardo Lorenzetti en Concert à deux voix. Le théâtre des Calanques, la machine à remonter le temps...
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C’est à un voyage particulièrement exaltant à travers le temps, que nous a convié le joli théâtre des Calanques. Du baroque au contemporain, en passant par Gershwin, il ne manquait pour finir que Fred Astaire et Ginger Rogers sur la scène pour compléter un concert particulièrement réussi. Rémy Brès-Feuillet contreténor, Nicholas Isherwood baryton basse et Riccardo Lorenzetti au piano ou au clavecin, nous ont régalé dans ce programme ondoyant habilement entre tous les genres. Les airs alternaient entre musique baroque et contemporaine, c’était plutôt habile et osé…
Le duo de chanteurs, parfaitement complémentaire et complice, exprimait toutes ses singularités. Le clavecin discret et charmeur laissait aux interprètes le soin de parfaire l’élégance musicale des madrigaux de Monteverdi ou terriblement séductrice du couronnement de Poppée, du même compositeur. De Kaija Saariaho, la compositrice finlandaise, on écouta ce sublime morceau extrait de son opéra Only the sounds remains, qui ne pouvait mieux porter son nom, puisque le pianiste Riccardo Lorenzetti se mit aussi à chanter. Puis Haendel et Turini, donnèrent aux duos le soin de mêler la beauté de leurs voix de grave et de contreténor dans un échange absolument étourdissant. La musique est encore plus belle quand elle est ainsi partagée...
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Rémy Brès-Feuillet en solo dès le deuxième air, donnait le ton de ce concert, nous faisant apprécier son formidable talent. Aigus puissants, amples et nuancés, diction parfaite, tout semble si facile avec lui. Sa virtuosité lyrique qu’il allie a une aisance redoutable sur la scène du théâtre, ses facéties, ses expressions dont il joue avec malice, expriment tout le plaisir qu’il ressent et communique au public. Vraiment, c’était beau.
Nicolas Isherwood, dont la carrière et la discographie sont impressionnantes lui donnait la réplique. La basse franco-américaine aux graves si graves, déroulait un programme à sa mesure dans lequel il excelle, baroque et contemporain. Profondeur impressionnante, troublante jusque dans la douceur de son émission, diction là aussi impeccable, à rendre polyglotte le nombreux public, Nicholas Isherwood régalait. Le regard noir aussi sombre et sonore de sa voix éclatait alors dans le si bel aria d’Haendel fra l’ombre e gl’orrori.
Pour clôturer le concert, mais également en bis, le public écouta une version totalement débridée de let’s call the whole thing off écrite par Ira Gershwin et composée par son frère George, immortalisée par Ella Fitzgerald et Louis Armstrong mais aussi et peut-être surtout, par Ginger Rogers et Fred Astaire*. Les deux chanteurs sont complices, drôles, épanouis, ils se délectent, s’amusent des paroles et des jeux de mots, et brillamment soutenus par Riccardo Lorenzetti au piano, entrainent les spectateurs dans leur joyeuse gaieté.
*il en existe une version française interprétée par Joséphine Baker : C’est ça le vrai bonheur.