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lyrica-massilia

Musiques interdites Acte 3, Lorca et Yupanqui

20 Novembre 2023 , Rédigé par Jean-Pierre Bacot Publié dans #Musiques Interdites

 

C’est le monde hispanique qui a structuré le troisième des quatre concerts proposés par la dix-huitième édition de Musiques interdites. Deux victimes de l’extrême droite figuraient au programme  d’un spectacle proposé par Aude Extrémo.

Federico Garcia Lorca (1898-1936) fut sauvagement assassiné par les franquistes.  A la fin de sa courte vie, il mit en musique pour guitare et voix, onze chants populaires espagnols. Aude Extrémo a pu donner dans ce registre toute l’étendue de son immense talent de mezzo-contralto. Plusieurs spectateurs qui ne la connaissaient pas encore ont été proprement soufflés par son aisance vocale. Avec quelques sévillanes bien enlevées, des affaires d’amours déçues, des vengeances et des moments de haine, l’émotion était palpable dans ce lieu magique qu’est la crypte de l’Eglise Saint Victor  garnie par un public nombreux et attentif.

A la guitare acoustique, Jérémy Péret, dont la technique et la musicalité sont irréprochables a permis de créer un univers sonore qui n’aura jamais baissé d’intensité, avec une évidente complicité entre les deux interprètes.

Dans une sorte d’entracte tragique, Fiorella Alessandra a déclamé un long poème de Lorca dédié à un enfant gravement malade (l’enfant Stanton), qui faisait écho aux Kindertotenlieder de Mahler entendus quelques jours plus tôt, au sinistre Silo, en l’acte II du Festival.

En deuxième partie, ce sont neuf mélodies argentines d’Atahualpa Yupanki qui  nous furent offertes. Après quelques mois de prison, le musicien dut fuir son  pays  alors Péroniste pour la France en 1948. Puis il rompit avec le communisme  en 1952 après quelques voyages à l’Est de l’Europe. Il est aujourd’hui considéré comme le plus grand folkloriste argentin. Aude Extrémo s’est emparée de son univers sonore, mélange d’hispanité et de tradition populaire indienne avec une facilité déconcertante, poussant le professionnalisme jusqu’à adapter sa prononciation de l’espagnol. Quant à Jérémy Péret, il était à son aise  dans l’évocation d’un cheval mort ou de la solidarité des combattants.

Le samedi 19 novembre à 17  heures, au forum de l’Opéra, c’était le dernier concert du festival, avec  Patrie  de Vsevolod Zaderatski  (1946) et les Poésies populaires juives de Dmitri Chostakovitch (1948). Vladik Polionov était au piano et nous y retrouvions Aude Extrémo, avec la soprano Charlotte Despaux et le ténor Kévin Amiel.

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