Festiv’Opéra à Sausset, une bien belle réussite...

Notre blog Lyrica Massilia est en congés, loin de Marseille et des festivals... mais il a suffi d’un retour de quelques jours pour retomber dans le grand bain de notre passion et assister à un unique concert, avant de s’en éloigner, de nouveau en vacances... il faut dire, le programme avait de quoi nous séduire, un festival lyrique dans la jolie ville de Sausset les Pins. Bien entendu, nous connaissions les protagonistes de ce récital, pour les avoir souvent écoutés et pour certains, interviewés mais notre curiosité était piquée, comment attirer les touristes d’une station balnéaire, a priori plus intéressés par le soleil et la mer que par un spectacle lyrique ?

Nous nous sommes rendus pas mal en avance au Théâtre de Verdure. Le cadre, très agréable, est niché un peu à l’écart du port et du centre, à côté du gymnase, dans les pins et sous les clameurs des cigales. Les nombreux sièges (550) sont disposés en arc de cercle autour d’une petite scène sur laquelle se dressait un piano à queue, on s’y affairait, l’accordeur, la pianiste, qui s'occupait également des éclairages. Le public arriva peu à peu, remplit l’espace et les chaises libres, qui, à l’heure du concert, furent toutes occupées... il fallut même en rajouter, pour satisfaire à tous... ce fut donc environ 600 spectateurs qui assistèrent à cette deuxième soirée consacrée à l’opéra, une sacrée réussite... comme quoi, l’art lyrique plait au public pour peu qu’il soit de qualité et mis à la portée de tous.

Le maire de la ville Maxime Marchand, Marie-Laure Walther chargée de la Culture et Cyril Rovery (qui assurait avec Barbara Bourdarel la direction artistique du festival), vinrent présenter à tous le concert. Le programme faisait la part belle au Bel Canto mais également à des œuvres plus rares, Donizetti, Rossini, Puccini, Verdi, côtoyaient Mozart avec deux airs extraits des Noces de Figaro, mais aussi Meyerbeer pour le plaisir d’écouter l’air de Beltram, un air de basse particulièrement poignant, ou encore Massenet et Gounod, avec un air extrait de Mireille, un opéra aux couleurs locales. Les duos, les solos alternèrent sans répit, les quatre chanteurs prirent beaucoup de plaisir, exprimant leur art avec force et passion, mais surtout, avec toute l’émotion qu’il exige, pour le bonheur d’un public conquis.  

Ornella Bourelly, soprano originaire de Sausset, nous a gratifié de sa jolie voix douce aux aigus ciselés et limpides, elle s’est montrée de plus en plus à l’aise au fur et à mesure du concert avec en point d’orgue, une magnifique interprétation de l’air « Je veux vivre » extrait de Roméo et Juliette de Gounod dans lequel elle s’affranchit avec brio et sensibilité des difficultés de l’œuvre. Barbara Bourdarel que nous avons souvent rencontrée pour le blog, a présenté chacun de ses airs au public avec, comme elle le fut dans son chant, naturel et talent. Son implication dans l'organisation du festival, ce supplément de responsabilité n'ont pas semblé contraindre sa virtuosité, bien au contraire. L’agilité de sa voix, sa puissance et son aisance font merveille dans le Bel Canto, associées ce soir-là, à une prestance scénique formidable et pleine de charme. Son duo avec Ornella Bourelly, « Sull’ Aria » des Noces de Figaro, où elles ont exprimé avec langueur, toute la grâce et la complicité de cet instant, nous a régalé. Luca Lombardo, à l’élégance assumée, apporta tout son talent à la soirée. La clarté de sa diction, la beauté de son timbre sont en tous points remarquables, mais surtout il a su communiquer sans ostentation au nombreux public, la passion et les émois des quelques personnages qu’il interpréta, Éléazar de la Juive de Fromental Halévy en fut le parfait exemple. Cyril Rovery, le maitre d’œuvre de la soirée mais également du festival, présentait, plaisantait mais aussi chantait. Généreux et passionné, il rayonnait, heureux d’être là et certainement très satisfait de la réussite de ce concert. Forcément son chant s’en ressentit, sa complicité avec Luca Lombardo dans le duo du Don Carlo de Verdi, éclatait, mais également avec ses autres comparses, ses graves puissants et suaves faisaient merveille, il a interprété un tonitruant, remarquable et méphistophélique Beltram, dans l’air « J’ai bravé le ciel » de Meyerbeer.

Ce concert n’aurait pas obtenu toute sa réussite, s’il n’avait pu compter sur une excellente pianiste pour accompagner le quatuor. Olga Bondarenko a assuré brillamment et avec délicatesse la partie instrumentale, sans jamais se départir de son joli sourire, discrète, agile, elle a su souligner avec brio les voix de chacun. La soirée se clôtura par un air de la Traviata, dans lequel les cinq protagonistes exprimèrent tout leur plaisir d’être sur scène et que le public, entrainé par Cyril Rovery, applaudit en rythme. Deux bis pour saluer avant de tous se quitter, le « duo des Chats » et « O Sole e mio » et de vite se retrouver le 31 aout, pour la dernière de ce Festiv’Opéra de Sausset les Pins avec l’Elisir d’Amore de Donizetti dans une mise en scène qui promet plein de surprises...