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lyrica-massilia

Gilles et Bossuet ensemble à St Victor pour un mémorable Requiem.

30 Mars 2022 , Rédigé par Jean-Marie Cabot Publié dans #Festival

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Samedi 26 mars était donné à l’abbaye de St Victor à Marseille, le Requiem de Jean Gilles. C’était un événement important à plus d’un titre, d’abord parce qu’il s’agit de l’œuvre certainement la plus illustre de ce remarquable compositeur, également parce qu’elle est le requiem le plus connu de cette époque mais aussi, car nous célébrons les 30 ans du Concerto Soave qui en assura l’interprétation et les 20 ans de la création de ce festival, Mars en baroque, dont Marseille peut légitimement s’honorer.

C’est une histoire un peu singulière que connut cette œuvre. Jean Gilles après avoir étudié à Aix en Provence, fut successivement nommé dans cette ville, puis à Agde et enfin à Toulouse, où devenu Maitre de Musique à la Cathédrale St Etienne il reçut la commande de ce Requiem. Vexé par les commanditaires de l’œuvre et là, les versions divergent, pour des questions d’argent ou d’orgueil, il refusa de la faire jouer et ne la destina qu’à ses propres funérailles, même si elle fut interprétée par la suite aux obsèques de Rameau, Stanislas de Pologne ou encore Louis XV. La partition originale disparut, ce qui entraina de nombreux remaniements et ajouts, Skip Sempé en compte 12 versions différentes entre l’originale et la partition de 1764...

Forcément, la dimension historique et culturelle s’imposa bien avant que ne s’égrènent les premières notes, d’autant que le lieu, l’abbaye de St Victor, en intensifiait la charge spirituelle. Le public ne s’était pas trompé et l’attente à l’entrée de l’église en témoignait, il était venu en nombre pour écouter cette partition, considérée comme un modèle de perfection. Le Concerto Soave apparaissait alors, les choristes, les musiciens devant, éclairés par un subtil jeu de lumières qui variera tout au long de la représentation. La direction sobre, rigoureuse et minutieuse de Jean-Marc Aymes exprimait toute l’émotion et la religiosité que Jean Gilles inculqua à son œuvre.  Le chœur dans son entier, remarquablement équilibré, rendit la polyphonie grandiose, empreinte de toute la solennité et de la gravité qui siéent à ces textes liturgiques. Son amplitude dans le Sanctus tout comme dans l’Agnus Dei, donna des frissons à l’imposant auditoire. Les solistes dont les voix se joignaient à l’ensemble sans la moindre ostentation, exprimèrent là encore, toute la beauté et la profondeur de ce chant magnifique, ils reçurent à la fin les nombreux applaudissement que leur prestation méritait. Quant à l’orchestre, si habilement il mit en valeur l’ensemble des voix, il a surtout su nous envoûter et nous plonger dans la passion, la grâce et la beauté de la musique d’église des XVII et XVIIIe siècles, dans son expression grave et solennelle. Benjamin Lazar était choisi comme récitant pour nous dire des extraits du Sermon des Morts de Bossuet. Le comédien à la gestuelle précieuse, à la diction sombre et imposante, intervenait entre les silences du requiem pour délivrer le message des vanités, combien les plaisirs de la vie sont vains face à l’inéluctable mort qui l’achève... il est une fois encore dommage que l’on n’ait pas pris en compte le problème de la réception du son pour le public, parce qu’au-delà des premiers rangs, les paroles devenaient peu à peu inaudibles pour les spectateurs... à partir du milieu de la nef, il devenait bien compliqué d’entendre et de comprendre la beauté de ces mots...

 

Récital du 26 mars 2022 à l’Abbaye de St Victor

le Chœur : 

Gabrielle Varbetian*, Lina Marcela Lopez, Clémence Niclas, dessus

Jonas Descotte*, Gabriel Jublin, haute-contre

Guillaume Zabé*, Xavier Olagne, taille-haute

Benjamin Ingrao, Romain Bazola, basse-taille

Samuel Namotte*, Imanol Iraola, basse

* solistes

 

l'Orchestre : 

Alessandro Ciccolini, Anaëlle Blanc-Verdin, Minori Deguchi, dessus de violon

Gabriel Ferry, Samantha Montgomery, haute-contre de violon

Marie-Liesse Barau, taille de violon

Christophe Mazeaud, Claire Marzullo, flûte

Sylvie Moquet, viole de gambe

Marine Rodallec, violoncelle

Nicolas Janot, contrebasse

Jean-Marc Aymes, orgue et direction

Benjamin Lazar, déclamation

 

 

 

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